Chapitre IX

De la Nature naturée.

  • 21 juillet 2006


(1) Pour ce qui touche maintenant la Nature naturée universelle ou les modes ou créatures qui dépendent immédiatement de Dieu ou sont créés immédiatement par lui, nous n’en connaissons pas plus de deux, savoir le mouvement dans la matière et l’entendement dans la chose pensante [1]. Desquels nous disons qu’ils ont été de toute éternité, et resteront immuables dans toute l’éternité. Œuvre aussi grande vraiment qu’il convenait à la grandeur de l’ouvrier.

(2) Pour ce qui concerne le Mouvement en particulier, comme il appartient plus proprement à ceux qui traitent de la science de la Nature qu’à nous ici d’expliquer comment il se fait qu’il a été de toute éternité et doit demeurer immuable dans l’éternité, qu’il est infini en son genre, qu’il ne peut exister ni être conçu par lui-même, mais seulement par le moyen de l’étendue, de tout cela, dis-je, nous ne traiterons pas ici, mais nous en dirons seulement qu’il est un Fils, un Ouvrage, ou un Effet immédiatement créé par lui.

(3) Concernant l’Entendement dans la chose pensante, il est aussi bien un Fils, un Ouvrage, ou une Créature immédiate de Dieu, créée de toute éternité et demeurant immuable dans l’éternité.
Il a pour seule propriété de tout percevoir clairement et distinctement en tout temps ; d’où naît une immuable jouissance infinie ou parfaite qui ne peut omettre de faire ce qu’elle fait. Et bien que cela soit déjà assez clair par soi-même, nous le démontrerons encore plus clairement en traitant des affections de l’Âme, et c’est pourquoi nous n’en dirons ici pas davantage.



[1Note. Ce qui est dit ici du mouvement dans la matière n’est pas dit sérieusement, car l’auteur se propose encore d’en trouver la cause comme il l’a déjà fait a posteriori en un certain sens ; cela cependant peut bien demeurer ici parce que rien n’est bâti la-dessus ou n’en dépend*.

* Il est bien certain que cette note ne peut être de Spinoza. Elle est, d’ailleurs rejetée par Monnikhof.

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