EIII - Proposition 15

  • 6 mai 2004

Une chose quelconque peut être par accident cause de Joie, de Tristesse ou de Désir.

DÉMONSTRATION

Supposons que l’Âme soit affectée en même temps de deux affections, dont l’une n’accroît ni ne diminue sa puissance d’agir et dont l’autre ou l’accroît ou la diminue (voir Post. 1). Il est évident par la Proposition précédente que, si l’Âme plus tard vient à être affectée de la première par l’action d’une cause la produisant vraiment et qui (suivant l’hypothèse) n’accroît par elle-même ni ne diminue la puissance de penser de l’Âme, elle éprouvera aussitôt la deuxième affection qui accroît ou diminue sa puissance de penser, c’est-à-dire (Scolie de la Prop. 11) qu’elle sera affectée de Joie ou de Tristesse ; et, par suite, la chose qui cause la première affection sera, non par elle-même, mais par accident, cause de Joie ou de Tristesse. On peut voir aisément de la même façon que cette chose peut par accident être cause d’un Désir. C.Q.F.D. [*]


Res quæcunque potest esse per accidens causa lætitiæ, tristitiæ vel cupiditatis.

DEMONSTRATIO :

Ponatur mens duobus affectibus simul affici, uno scilicet qui ejus agendi potentiam neque auget neque minuit et altero qui eandem vel auget vel minuit (vide postulatum 1 hujus). Ex præcedenti propositione patet quod ubi mens postea illo a sua vera causa quæ (per hypothesin) per se ejus cogitandi potentiam nec auget nec minuit, afficietur, statim et hoc altero qui ipsius cogitandi potentiam auget vel minuit hoc est (per scholium propositionis 11 hujus) lætitia vel tristitia afficietur atque adeo illa res non per se sed per accidens causa erit lætitiæ vel tristitiæ. Atque hac eadem via facile ostendi potest rem illam posse per accidens causam esse cupiditatis. Q.E.D.


[*(Saisset :) Une chose quelconque peut causer dans l’âme, par accident, la joie, la tristesse ou le désir. Démonstration Supposons que l’âme soit affectée à la fois de deux passions, l’une qui n’augmente ni ne diminue sa puissance d’agir, l’autre qui l’augmente ou bien qui la diminue (voyez le Post. 1). Il suit évidemment de la précédente proposition qu’aussitôt que l’âme viendra dans la suite à être affectée de la première de ces deux passions par la cause réelle qui la produit, passion qui (par hypothèse) n’augmente ni ne diminue sa puissance d’agir, elle sera en même temps affectée de la seconde, laquelle augmente ou bien diminue sa puissance d’agir ; en d’autres termes (par le Scol. de la Propos. 11), elle sera affectée de tristesse ou de joie ; de façon que cette cause dont nous parlons produira dans l’âme, non par soi, mais par accident, la joie ou la tristesse. On démontrerait de la même façon qu’elle pourrait produire aussi par accident le désir. C. Q. F. D.

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