EIV - Proposition 20

  • 9 juin 2004

Plus on s’efforce à chercher ce qui est utile, c’est-à-dire à conserver son être, et plus on en a le pouvoir, plus on est doué de vertu ; et au contraire, dans la mesure où l’on omet de conserver ce qui est utile, c’est-à-dire son être, on est impuissant.

DÉMONSTRATION

La vertu est la puissance même de l’homme, qui se définit par la seule essence de l’homme (Déf. 8), c’est-à-dire (Prop. 7, p. III) qui se définit par le seul effort par où l’homme s’efforce de persévérer dans son être. Plus donc l’on s’efforce de conserver son être et plus on en a le pouvoir, plus on est doué de vertu, et conséquemment (Prop. 4 et 6, p. III) dans la mesure où quelqu’un omet de conserver son être, il est impuissant. C.Q.F.D. [*]


Quo magis unusquisque suum utile quærere hoc est suum esse conservare conatur et potest eo magis virtute præditus est et contra quatenus unusquisque suum utile hoc est suum esse conservare negligit eatenus est impotens.

DEMONSTRATIO :

Virtus est ipsa humana potentia quæ sola hominis essentia definitur (per definitionem 8 hujus) hoc est (per propositionem 7 partis III) quæ solo conatu quo homo in suo esse perseverare conatur, definitur. Quo ergo unusquisque magis suum esse conservare conatur et potest eo magis virtute præditus est et consequenter (per propositiones 4 et 6 partis III) quatenus aliquis suum esse conservare negligit eatenus est impotens. Q.E.D.


[*(Saisset :) Plus chacun s’efforce et plus il est capable de chercher ce qui lui est utile, c’est-à-dire de conserver son être, plus il a de vertu ; au contraire, en tant qu’il néglige de conserver ce qui lui est utile, c’est-à-dire son être, il marque son impuissance. Démonstration La vertu, c’est la puissance de l’homme elle-même, laquelle (en vertu de la Déf. 8) se définit par la seule essence de l’homme, c’est-à-dire (en vertu de la Propos. 7, part. 3) par ce seul effort que fait l’homme pour persévérer dans son être. Plus par conséquent chacun s’efforce, et plus il est capable de conserver son être, plus il a de vertu, et par une suite nécessaire (voyez les propos. 4 et 6 part. 3), en tant qu’il néglige de conserver son être, il marque son impuissance. C. Q. F. D.

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