TRE - 60

  • 16 septembre 2005


0r, examinons. En premier lieu : ou bien l’on nie ou bien l’on accorde que nous pouvons connaître quelque chose. Si on l’accorde, on devra dire nécessairement de la connaissance ce qu’on dit de la fiction. Si on le nie, voyons, nous qui savons que nous savons quelque chose, ce que l’on dit. On dit ceci : l’âme peut sentir et percevoir de beaucoup de manières, mais non se percevoir elle-même, non plus que les choses qui existent ; elle ne perçoit que les choses qui ne sont ni en soi ni quelque part que ce soit ; autrement dit, l’âme pourrait, par sa seule force, créer des sensations et des idées ne correspondant point à des choses ; de telle sorte qu’on la considère en partie comme un Dieu. On dit ensuite : nous avons la liberté de nous contraindre, ou, notre âme a la liberté de se contraindre, bien mieux, de contraindre sa propre liberté ; car, après qu’elle a forgé l’idée d’une chose et y a donné son assentiment, elle ne peut plus penser autrement cette chose ou en forger une autre idée, et cette fiction la contraint même à avoir des idées telles qu’il ne soit point contredit à la fiction ; comme ici même on est contraint, pour n’abandonner point sa fiction, d’admettre les absurdités que j’indique et auxquelles nous ne nous fatiguerons pas à opposer des démonstrations.


Sed hoc examinandum. Primo vel negant vel concedunt nos aliquid posse intelligere. Si concedunt, necessario id ipsum, quod de fictione dicunt, etiam de intellectione dicendum erit. Si vero hoc negant, videamus nos, qui scimus, nos aliquid scire, quid dicant. Hoc scilicet dicunt, animam posse sentire et multis modis percipere non se ipsam, neque res quae existunt, sed tantum ea, quae nec in se, nec ullibi sunt, hoc est, animam posse sola sua vi creare sensationes aut ideas, quae non sunt rerum ; adeo ut ex parte eam tamquam Deum considerent. Porro dicunt, nos aut animam nostram talem habere libertatem, ut nosmet, aut se, imo suam ipsam libertatem cogat. Nam postquam ea aliquid finxit, et assensum ei praebuit, non potest id alio modo cogitare aut fingere, et etiam ea fictione cogitur, ut etiam alia tali modo cogitentur, ut prima fictio non oppugnetur ; sicut hic etiam coguntur absurda, quae hic recenseo, admittere propter suam fictionem ; ad quae explodenda non defatigabimur ullis demonstrationibus.


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