TRE - 76

  • 19 septembre 2005


Pour ce qui touche, d’ailleurs la connaissance de l’origine de la Nature, il n’est pas du tout à redouter que nous la confondions avec des choses abstraites ; quand en effet on conçoit quelque chose abstraitement, comme on fait pour tous les universaux, ces concepts s’étendent toujours dans l’entendement au delà des limites où peuvent exister réellement dans la Nature leurs objets particuliers. De plus, comme il y a dans la Nature beaucoup de choses dont la différence est si petite qu’elle échappe presque à l’entendement, il peut arriver facilement (à les concevoir abstraitement) qu’on les confonde ; mais, comme nous le verrons plus loin, il ne peut y avoir de l’origine de la Nature de concept abstrait, ni de concept général, et cette origine ne peut être conçue par l’entendement comme plus étendue qu’elle n’est réellement ; elle n’a d’ailleurs aucune ressemblance avec des choses soumises au changement ; aucune confusion n’est donc à craindre au sujet de son idée, pourvu que nous possédions la norme de la vérité (que nous avons déjà indiquée) ; l’être dont il s’agit est unique [1] en effet, infini, c’est-à-dire qu’il est l’être total hors duquel il n’y a pas d’être [2].


Quod autem attinet ad cognitionem originis naturae, minime est timendum, ne eam cum abstractis confundamus. Nam cum aliquid abstracte concipitur, uti sunt omnia universalia, semper latius comprehenduntur in intellectu, quam revera in natura existere possunt eorum particularia. Deinde cum in natura dentur multa, quorum differentia adeo est exigua, ut fere intellectum effugiat, tum facile (si abstracte concipiantur) potest contingere, ut confundantur. At cum origo naturae, ut postea videbimus, nec abstracte sive universaliter concipi possit, nec latius possit extendi in intellectu, quam revera est, nec ullam habeat similitudinem cum mutabilibus, nulla circa eius ideam metuenda est confusio, modo normam veritatis (quam iam ostendimus) habeamus. Est nimirum hoc ens unicum, infinitum [3], hoc est, est omne esse, et praeter quod nullum datur esse. [4]



[1Ce ne sont point là des attributs de Dieu qui manifestent son essence, comme je le montrerai dans la Philosophie.

[2Cela a déjà été démontré ci-dessus. Si en effet un tel être n’existait pas, il ne pourrait jamais être produit ; et ainsi l’esprit pourrait connaître plus que la Nature ne peut fournir. Ce qui a déjà été reconnu faux ci-dessus.

[3Haec non sunt attributa Dei, quae ostendunt ipsius essentiam, ut in philosophia ostendam. Sp.

[4Hoc supra iam demonstratum est. Si enim tale ens non existeret, nunquam posset produci ; adeoque mens plus posset intelligere, quam natura praestare, quod supra falsum esse constitit. Sp.

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