EIII - Proposition 18 - scolie 2

  • 6 mai 2004

Nous connaissons par ce qui vient d’être dit ce que sont l’Espoir, la Crainte, la Sécurité, le Désespoir, l’Épanouissement et le Resserrement de conscience. L’Espoir n’est rien d’autre qu’une Joie inconstante née de l’image d’une chose future ou passée dont l’issue est tenue pour douteuse. La Crainte, au contraire, est une Tristesse inconstante également née de l’image d’une chose douteuse. Si maintenant de ces affections on ôte le doute, l’Espoir devient la Sécurité, et la Crainte le Désespoir ; j’entends une Joie ou une Tristesse née de l’image d’une chose qui nous affectés de crainte ou d’espoir. L’Épanouissement ensuite est une Joie née de l’image d’une chose passée dont l’issue a été tenue par nous pour douteuse. Le Resserrement de conscience enfin est la Tristesse opposée à l’Épanouissement. [*]


Ex modo dictis intelligimus quid sit spes, metus, securitas, desperatio, gaudium et conscientiæ morsus. Spes namque nihil aliud est quam inconstans lætitia orta ex imagine rei futuræ vel præteritæ de cujus eventu dubitamus, metus contra inconstans tristitia ex rei dubiæ imagine etiam orta. Porro si horum affectuum dubitatio tollatur, ex spe sit securitas et ex metu desperatio nempe lætitia vel tristitia orta ex imagine rei quam metuimus vel speravimus. Gaudium deinde est lætitia orta ex imagine rei præteritæ de cujus eventu dubitavimus. Conscientiæ denique morsus est tristitia opposita gaudio.


[*(Saisset :) Ce qui précède nous fait comprendre ce que c’est qu’espérance, crainte, sécurité, désespoir, contentement et remords. L’espérance n’est autre chose qu’une joie mal assurée, née de l’image d’une chose future ou passée dont l’arrivée est pour nous incertaine ; la crainte, une tristesse mal assurée, née aussi de l’image d’une chose douteuse. Maintenant, retranchez le doute de ces affections, l’espérance et la crainte deviennent la sécurité et le désespoir, c’est-à-dire la joie ou la tristesse nées de l’image d’une chose qui nous a inspiré crainte ou espérance. Quant au contentement, c’est la joie née de l’image d’une chose passée qui avait été pour nous un sujet de doute. Enfin, le remords, c’est la tristesse opposée au contentement.

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