EIV - Appendice - Chapitre 27

  • 29 juin 2004

L’utilité qui se tire des choses extérieures, outre l’expérience et la connaissance acquises par leur observation et les transformations que nous leur faisons subir, est surtout la conservation du Corps ; pour cette raison les choses utiles sont, avant tout, celles qui peuvent alimenter le Corps et le nourrir de façon que toutes ses parties puissent s’acquitter convenablement de leur office. Plus le Corps est apte en effet à être affecté de plusieurs manières et à affecter les corps extérieurs d’un très grand nombre de manières, plus l’Âme est apte à penser (Prop. 38 et 39). Mais les choses de cette sorte semblent être très peu nombreuses dans la Nature et, par suite, pour nourrir les Corps, comme il est requis, il est nécessaire d’user d’aliments nombreux de nature diverse. Le Corps humain, en effet, est composé d’un très grand nombre de parties de nature différente qui ont constamment besoin d’aliments variés, afin que tout le Corps soit également apte à tout ce qui peut suivre de sa nature et que l’Âme en conséquence soit aussi également apte à concevoir plusieurs choses. [*]


Utilitas quam ex rebus quæ extra nos sunt, capimus, est præter experientiam et cognitionem quam acquirimus ex eo quod easdem observamus et ex his formis in alias mutamus, præcipua corporis conservatio et hac ratione res illæ imprimis utiles sunt quæ corpus ita alere et nutrire possunt ut ejus omnes partes officio suo recte fungi queant. Nam quo corpus aptius est ut pluribus modis possit affici et corpora externa pluribus modis afficere, eo mens ad cogitandum est aptior (vide propositiones 38 et 39 partis IV). At hujus notæ perpauca in natura esse videntur ; quare ad corpus ut requiritur nutriendum necesse est multis naturæ diversæ alimentis uti. Quippe humanum corpus ex plurimis diversæ naturæ partibus componitur quæ continuo alimento indigent et vario ut totum corpus ad omnia quæ ex ipsius natura sequi possunt, æque aptum sit et consequenter ut mens etiam æque apta sit ad plura concipiendum.


[*(Saisset :) L’utilité que nous tirons des choses extérieures, pour ne rien dire des connaissances que nous peut donner l’observation de leur nature et de leurs transformations, consiste surtout dans la conservation de notre corps ; et par conséquent, les choses les plus utiles sont celles qui peuvent alimenter et nourrir notre corps de façon à ce que toutes ses parties s’acquittent parfaitement de leurs fonctions. Car plus le corps est propre à être affecté de plusieurs façons et à affecter de plusieurs façons à son tour les corps extérieurs, plus l’âme est propre à la pensée (voyez les Propos. 38 et 39). Mais il est peu de choses dans la nature qui aient ce caractère d’utilité, et c’est à cause de cela qu’il est nécessaire pour nourrir le corps de se servir d’un grand nombre d’aliments d’espèce diverse. Ajoutez à cela que le corps humain est composé de plusieurs parties de nature différente, lesquelles ont continuellement besoin d’aliments divers afin que le corps humain soit également propre à toutes les fonctions qui peuvent résulter de sa nature, et par suite, afin que l’âme soit aussi également propre à concevoir un grand nombre de choses.

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