EIV - Appendice - Chapitre 31

  • 29 juin 2004

La superstition, au contraire, semble admettre que le bien, c’est ce qui apporte de la Tristesse ; le mal, ce qui donne de la Joie. Mais, comme nous l’avons dit déjà (Scolie de la Prop. 45), seul un envieux peut prendre plaisir à mon impuissance et à ma peine. Plus grande est la Joie dont nous sommes affectés en effet, plus grande la perfection à laquelle nous passons et plus, en conséquence, nous participons de la nature divine ; et jamais ne peut être mauvaise une Joie réglée par l’entente vraie de notre utilité. Qui, au contraire, est dirigé par la Crainte et fait le bien pour éviter le mal, n’est pas conduit par la Raison. [*]


At superstitio id contra videtur statuere bonum esse quod tristitiam et id contra malum quod lætitiam affert. Sed ut jam diximus (vide scholium propositionis 45 partis IV) nemo nisi invidus mea impotentia et incommodo delectatur. Nam quo majore lætitia afficimur, eo ad majorem perfectionem transimus et consequenter eo magis de natura divina participamus nec lætitia unquam mala esse potest quam nostræ utilitatis vera ratio moderatur. At qui contra metu ducitur et bonum ut malum vitet, agit, is ratione non ducitur.


[*(Saisset :) La superstition semble au contraire ériger en bien tout ce qui cause la tristesse, et en mal tout ce qui cause la joie. Mais comme nous l’avons déjà dit (Scol. de la Propos. 45), il n’y a que l’envieux qui puisse se réjouir de mon impuissance et du mal que je souffre. A mesure, en effet, que nous éprouvons une joie plus grande, nous passons à une plus grande perfection, et par conséquent nous participons davantage de la nature divine ; la joie ne peut donc jamais être mauvaise, tant qu’elle est réglée par la loi de notre utilité véritable. Ainsi celui qui ne sait obéir qu’à la crainte, et ne fait le bien que pour éviter le mal, n’est pas conduit par la raison.

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