EIV - Proposition 12 - corollaire

  • 9 juin 2004

Une affection se rapportant à une chose que nous savons ne pas exister dans le présent et que nous imaginons comme contingente, est beaucoup plus relâchée que si nous imaginions que la chose est actuellement présente.

DÉMONSTRATION

Une affection se rapportant à une chose que nous imaginons qui existe présentement, est plus intense que si nous en imaginions l’objet comme futur (Coroll. de la Prop. 9), et elle est beaucoup plus vive que si nous imaginions que ce temps futur est très éloigné du présent (Prop. 10). Une affection se rapportant à une chose dont nous imaginons que le temps d’existence est très éloigné du présent, est donc beaucoup plus relâchée que si nous en imaginions l’objet comme présent ; et néanmoins elle est plus intense (Prop. préc.) que si nous l’imaginions comme contingent ; et ainsi une affection se rapportant à une chose contingente sera beaucoup plus relâchée que si nous imaginions que la chose est actuellement présente. C.Q.F.D. [*]


Affectus erga rem quam scimus in præsenti non existere et quam ut contingentem imaginamur, multo remissior est quam si rem in præsenti nobis adesse imaginaremur.

DEMONSTRATIO :

Affectus erga rem quam in præsenti existere imaginamur, intensior est quam si eandem ut futuram imaginaremur (per corollarium propositionis 9 hujus) et multo vehementior est quam si tempus futurum a præsenti multum distare imaginaremur (per propositionem 10 hujus). Est itaque affectus erga rem cujus existendi tempus longe a præsenti distare imaginamur, multo remissior quam si eandem ut præsentem imaginaremur et nihilominus (per propositionem præcedentem) intensior est quam si eandem rem ut contingentem imaginaremur atque adeo affectus erga rem contingentem multo remissior erit quam si rem in præsenti nobis adesse imaginaremur. Q.E.D.


[*(Saisset :) Notre passion pour une chose que nous savons ne pas exister présentement et que nous imaginons comme contingente est beaucoup plus faible que si nous imaginions la chose comme nous étant présentes. Démonstration Notre passion pour un objet que nous imaginons comme présent est plus forte que si nous l’imaginions comme futur (par le Coroll. de la Propos. 9), et elle est d’autant plus énergique que nous imaginons l’intervalle qui la sépare du présent comme plus petit (par la Propos. 10). Par conséquent, notre passion pour une chose que nous imaginons dans un avenir lointain est beaucoup plus faible que si nous l’imaginions dans le présent, et cependant (par la Propos. précéd.) elle est plus forte que si nous l’imaginions comme contingente ; de telle façon que notre passion pour une chose contingente est beaucoup plus faible que si nous l’imaginions comme nous étant présente. C. Q. F. D.

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