EV - Proposition 23 - scolie

  • 3 juillet 2004

Comme nous l’avons dit, cette idée, qui exprime l’essence du Corps avec une sorte d’éternité, est un certain mode du penser qui appartient à l’essence de l’Âme et qui est éternel. Il est impossible cependant qu’il nous souvienne d’avoir existé avant le Corps, puisqu’il ne peut y avoir dans le Corps aucun vestige de cette existence et que l’éternité ne peut se définir par le temps ni avoir aucune relation au temps. Nous sentons néanmoins et, nous savons par expérience que nous sommes éternels. Car l’Âme ne sent pas moins ces choses qu’elle conçoit par un acte de l’entendement que celles qu’elle a dans la mémoire. Les yeux de l’Âme par lesquels elle voit et observe les choses sont les démonstrations elles-mêmes. Bien que donc il ne nous souvienne pas d’avoir existé avant le Corps, nous sentons cependant que notre Âme, en tant qu’elle enveloppe l’essence du Corps avec une sorte d’éternité, est éternelle, et que cette existence de l’Âme ne peut se définir par le temps ou s’expliquer par la durée. L’Âme donc ne peut être dite durer, et son existence ne peut se définir par un temps déterminé qu’en tant qu’elle enveloppe l’existence actuelle du Corps et, dans cette mesure seulement, elle a la puissance de déterminer temporellement l’existence des choses et de les concevoir dans la durée. [*]


Est uti diximus hæc idea quæ corporis essentiam sub specie æternitatis exprimit, certus cogitandi modus qui ad mentis essentiam pertinet quique necessario æternus est. Nec tamen fieri potest ut recordemur nos ante corpus exstitisse quandoquidem nec in corpore ulla ejus vestigia dari nec æternitas tempore definiri nec ullam ad tempus relationem habere potest. At nihilominus sentimus experimurque nos æternos esse. Nam mens non minus res illas sentit quas intelligendo concipit quam quas in memoria habet. Mentis enim oculi quibus res videt observatque, sunt ipsæ demonstrationes. Quamvis itaque non recordemur nos ante corpus exstitisse, sentimus tamen mentem nostram quatenus corporis essentiam sub æternitatis specie involvit, æternam esse et hanc ejus existentiam tempore definiri sive per durationem explicari non posse. Mens igitur nostra eatenus tantum potest dici durare ejusque existentia certo tempore definiri potest quatenus actualem corporis existentiam involvit et eatenus tantum potentiam habet rerum existentiam tempore determinandi easque sub duratione concipiendi.


[*(Saisset :) Cette idée qui exprime l’essence du corps sous le caractère de l’éternité est, comme nous l’avons dit, un mode déterminé de la pensée qui se rapporte à l’essence de l’âme et qui est nécessairement éternel. Et cependant il est impossible que nous nous souvenions d’avoir existé avant le corps, puisque aucune trace de cette existence ne se peut rencontrer dans le corps, et que l’éternité ne peut se mesurer par le temps, ni avoir avec le temps aucune relation. Et cependant nous sentons, nous éprouvons que nous sommes éternels. L’âme en effet, ne sent pas moins les choses qu’elle conçoit par l’entendement que celles qu’elle a dans la mémoire. Les yeux de l’âme, ces yeux qui lui font voir et observer les choses, ce sont les démonstrations. Aussi, quoique nous ne nous souvenions pas d’avoir existé avant le corps, nous sentons cependant que notre âme, en tant qu’elle enveloppe l’essence du corps sous le caractère de l’éternité, est éternelle, et que cette existence éternelle ne peut se mesurer par le temps on s’étendre dans la durée. Ainsi donc, on ne peut dire que notre âme dure, et son existence ne peut être enfermée dans les limites d’un temps déterminé qu’en tant qu’elle enveloppe l’existence actuelle du corps ; et c’est aussi à cette condition seulement qu’elle a le pouvoir de déterminer dans le temps l’existence des choses et de les concevoir sous la notion de durée.

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