Chapitre XXV

Des Diables.

  • 16 septembre 2006


(1) Nous dirons maintenant brièvement quelque chose au sujet des diables, s’ils sont ou ne sont pas, et cela comme il suit :
Si le Diable est une chose entièrement et absolument contraire à Dieu et qui n’a rien de Dieu, alors il est exactement identique au Néant, dont nous avons déjà parlé précédemment [*].

(2) Admettons donc avec quelques-uns qu’il est un être pensant qui ne veut ni ne fait absolument rien de bon et s’oppose ainsi en tout à Dieu ; il est donc fort misérable ; et si les prières pouvaient y servir il y aurait lieu de prier pour lui, pour sa conversion.

(3) Voyons, cependant si un être aussi misérable pourrait subsister un seul instant. Nous trouverons sur le champ qu’il n’en est rien ; puisque toute la durée d’une chose provient de sa perfection et que, plus il y a en elle d’essence et de divinité, plus elle est subsistante, comment, pensé-je, le Diable pourrait-il subsister, puisqu’il n’a pas la moindre perfection ? Ajoutez que la subsistance ou la durée d’un mode dans la chose pensante est causée uniquement par l’union qu’a ce mode avec Dieu, union produite par l’amour ; mais dans les diables c’est absolument le contraire de cette union qu’on suppose, et par suite il est impossible qu’ils subsistent.

(4) Mais, s’il n’y a pas la moindre nécessité d’admettre les Diables, pourquoi les admettre ? Car il ne nous est pas nécessaire comme à d’autres d’admettre des Diables pour trouver les causes de la Haine, de l’Envie, de la Colère et d’autres passions de même sorte, puisque nous les avons suffisamment trouvées sans de telles fictions.



[*Cf. supra Partie I, chap. II (note jld).

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