Selon Fabienne Brugère, un point de rencontre existe entre l’éthique spinoziste et les éthiques du care, le care pouvant être envisagé comme une réactualisation du conatus spinoziste. Cet article vise à démontrer que cette convergence peut s’établir à partir d’une éthique narrative inspirée de la pensée de Paul Ricoeur. Cela concerne principalement la perception que l’on peut avoir de soi en tant que corps et esprit, dans la mesure où l’esprit est défini par Baruch Spinoza comme « idée du corps ». L’éthique (...)
Il peut sembler non seulement anachronique, mais peut-être aussi incongru de vouloir comparer éthique spinoziste et éthique du care. Chacune ayant été élaborée dans des contextes très différents et relevant de traditions intellectuelles relativement étrangères l’une à l’autre, la légitimité d’un tel rapprochement ainsi que son intérêt demandent à être justifiés.
D’un côté nous avons un rationalisme intégral, de l’autre une éthique qui semble plus enracinée dans les affects, cependant si l’on y regarde d’un peu (...)
Revue de métaphysique et de morale,1896, pp. 512-516
Il n’est peut-être pas exagéré de dire que la théorie de la liberté ou de l’affranchissement des passions dans la Ve partie de l’Éthique – c’est-à-dire la partie la plus importante de la morale de Spinoza pour ce qui regarde la vie présente – est contenue tout entière dans la propos. 2, part. V : « Si nous dégageons une émotion de l’âme, une passion, de la pensée d’une cause extérieure et si nous la joignons à d’autres pensées, l’amour et la haine à l’égard (...)
Communication en forme de « dialogue des morts » présentée par P. Macherey au colloque « Pascal/Spinoza » organisé par le Collège international de philosophie et l’UMR 5037 du CNRS, jeudi 8 juin 2006, à l’Agence Universitaire de la Francophonie). (Pascal, Spinoza, Fontenelle)
Fontenelle – Je me suis acquis quelque réputation de mon vivant avec mes Nouveaux dialogues des morts, imités de Lucien, celui des Anciens avec lequel, en dépit de ma qualité de Moderne, que je revendique hautement, je me sentais (...)
Article paru dans la revue Réfractions, No. 2 (été 1998) pp. 119-148.
I. Bakounine et Proudhon
Comme l’atteste le nombre des publications, on peut observer, depuis déjà pas mal d’années, un regain d’intérêt pour Spinoza. Cette redécouverte n’est pas seulement académique et, pour une bonne part, tranche nettement avec l’interprétation rationaliste et idéaliste qui, en France tout du moins, était parvenue à neutraliser une pensée longtemps trop sulfureuse pour prendre place dans les allées officielles de la (...)
Les textes ne manquent pas, de 1794 à 1814, où Fichte traite de son opposition essentielle (wesentlich) à Spinoza. Aucun d’eux bien sûr n’appartient à ce que Fichte appelle « l’ordre de la série systématique » (WL-1801/02,146), c’est-à-dire à l’ordre de la saisie intérieure, qui est en propre celui de la Doctrine de la science. Toutefois - et en cela déjà Fichte est bien inspiré par sa lecture de l’Ethique - ces scolies polémiques ne sont pas sans intérêt : Fichte leur attribue en effet, dans certains cas, la (...)
Par Charles Ramond, professeur à l’université de Bordeaux 3, directeur du Centre de Recherches sur les Philosophies de la Nature (CREPHINAT). Conférence prononcée le 30 avril 2003 dans le cadre de la journée « itinéraires » du DEA de Philosophie, en association avec Bordeaux 3 et Toulouse 2.
Je tiens tout d’abord à adresser mes remerciements les plus vifs, d’abord à mon cher ami Jean-Christophe Goddard, pour m’avoir invité à cette journée au thème si intéressant, et à l’Université de Poitiers qui nous (...)
I. Le piège de Jacobi.
C’est la lettre de Jacobi à Moses Mendelsohn sur la doctrine de Spinoza qui ouvre en 1785, pour la philosophie allemande, l’inventaire du legs de Spinoza. Il se trouve que le tour de force de Jacobi va être en réalité d’interdire cet inventaire en contraignant les penseurs de l’époque à prendre position dans un débat déjà verrouillé et dont lui seul avait défini les termes . Il a donc enfermé ses contemporains dans une alternative sans échappatoire dans laquelle ils étaient (...)
Source de l’article : http://www.univ-lille3.fr/set/machereybiblio78.html
Platon reconstituant, en vue de les fixer pour la postérité, les paroles et les actes de Socrate, Aristote définissant sa propre position philosophique à partir de la relation de celles des penseurs qui l’avaient précédé, les médiévaux commentant Aristote, se comportaient somme toute, en philosophes qu’ils étaient, comme des historiens de la philosophie : et il serait intéressant de recenser, parmi les grands auteurs (...)
L’époque classique est communément créditée d’une révolution scientifique, dont les principaux initiateurs ont nom Bacon, Galilée et Descartes, et qui a mis fin à tout un régime de savoir développé depuis l’Antiquité et ordonné autour de la représentation d’un cosmos hiérarchisé soumise aux notions de qualités et de fins. Mais qu’est-ce qu’une révolution scientifique ? Ce n’est certainement pas l’installation d’un système unifié de connaissances se substituant soudainement à celui qui régnait antérieurement et (...)
Source :
La problématique du Contrat social ne va pas sans quelques embarras. Après avoir énoncé que, "chacun contractant pour ainsi dire avec lui-même", il n’en est pas moins engagé selon un double rapport avec les autres, membre du Souverain envers les particuliers et de l’État envers le Souverain, Rousseau évoque une certaine dissymétrie entre le Souverain et les particuliers. Le Souverain se confond avec les particuliers qui le composent par leur volonté générale, il ne peut donc avoir (...)
Une confrontation entre Spinoza et Albert Einstein, génial scientifique du début du XXe siècle et père de la physique contemporaine, pourrait sembler hasardeuse s’il n’y avait pas le très grand nombre de citations qu’Einstein lui-même dédie au philosophe dans ses ouvrages non strictement mathématiques. Ce fait pourrait à son tour apparaître comme rien d’autre qu’une curiosité, mais c’est en réalité l’indice d’une profonde familiarité du physicien allemand avec la pensée et les idées de Spinoza, comme je (...)
Ce texte est d’abord paru in : Éric ALLIEZ, « Spinoza au-delà de Marx », Critique, août-sept. 1981, n° 411-412, pp. 812-821. Sur ANTONIO NEGRI, L’anomalia selvaggia, saggio su potere e potenza in Baruch Spinoza, Milan, Feltrinelli, 1981, 297 p. (L’anomalie sauvage paraît en français en novembre 1982 : A. Negri, L’anomalie sauvage - puissance et pouvoir chez Spinoza, P.U.F., 1982, trad. F. Matheron).
Il s’agit là de la "première" véritable recension (selon l’intéressé à l’époque) du livre de Negri (...)
Lisez aussi : Spinoza et les matérialistes anciens.
En 1674, Hugo Boxel, docteur en droit et magistrat de la ville de Gorcum, écrit à Spinoza pour lui demander ce qu’il pense des spectres. Lui, Boxel, y croit dur comme fer, ne serait-ce que parce que de nombreux récits, tous émanant de témoins dignes de foi, en attestent l’existence. Mais il n’est pas certain que son correspondant partage son jugement, aussi prend-il quelques précautions oratoires. Il ne sera pas déçu du voyage : Spinoza, dans un (...)
En deux endroits du Traité Politique, Spinoza se réclame explicitement de Machiavel, “ le très pénétrant Machiavel ” (TP,V,§7) et “ le très pénétrant Florentin ” (TP,X,§1) : comme cela arrive chez Homère pour les dieux et les héros, le nom de Machiavel n’apparaît pas chez Spinoza sans être accompagné de l’épithète qui le caractérise et qui est réservée à lui seul.
Significativement, les deux passages sont éliminés de la version hollandaise des œuvres posthumes (De NAGELATE SCHRIFTEN van B.D.S., 1677), laquelle, (...)
Le rapprochement que suppose ce titre peut paraître paradoxal ; il y a quelques années encore, il aurait paru incongru. Car un Saint Spinoza, par analogie avec le Saint Socrate d’Érasme, avait peu à peu remplacé le Spinoza diabolique de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle, en partie sous l’influence de Bayle.
La lecture de Spinoza par ses contemporains est assurément très éloignée de celle à laquelle nous ont habitués ses lecteurs du XIXe siècle et les commentateurs universitaires du XXe siècle. Une (...)
C’est la thèse que développe le Pr R. Popkin à l’occasion d’une conférence tenue en septembre 1986 à l’Université de l’Illinois (Chicago) dont le texte, largement diffusé, doit être publié sous peu.
Il faut signaler, par ailleurs, l’article de S. Berti La vie et l’esprit de Spinoza (1719) e la prima traduzione francese dell’ « Ethica » paru dans la Rivista Storica Italiana (vol. XCVIII, fasc. I) en janvier 1986, qui privilégie également le caractère spinoziste du Traité. Les deux auteurs s’efforcent de (...)
Mon point de départ sera une fable tout à fait rudimentaire, de mon fait - ceci explique cela -, mais que je crois spinozienne : il s’agira donc d’indiquer pourquoi. Mais cette fable, qui pourra s’intituler Les deux Hommes et le Rocher, me conduira aussi à relire certaines des Fables de La Fontaine, afin d’illustrer par elles des aspects de la pensée éthique et politique de Spinoza, soit par la concordance de celle-ci avec les leçons de La Fontaine, soit au contraire par leurs divergences.
Qu’on (...)
L’opinion des historiens a une importance fondamentale pour Machiavel, qui pourtant n’hésite pas à en critiquer les conclusions quand elles lui paraissent faibles ou infondées. Une critique particulièrement significative est adressée à ceux qui affirment "qu’il n’est rien de plus changeant et de plus inconsistant que la multitude". Au contraire, affirme Machiavel avec détermination, "ce défaut dont les écrivains accusent la multitude, on peut en accuser tous les hommes personnellement, et notamment les (...)
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Dernière mise à jour : mardi 8 septembre 2020