EIV - Proposition 31


Dans la mesure où une chose s’accorde avec notre nature, elle est nécessairement bonne.

DÉMONSTRATION

En tant qu’une chose s’accorde avec notre nature, elle ne peut être mauvaise (Prop. préc.). Elle sera donc nécessairement ou bonne ou indifférente. Soit posé ce dernier cas, c’est-à-dire qu’elle n’est ni bonne ni mauvaise, rien donc (Déf. 1) ne suivra de sa nature qui serve à la conservation de notre nature, c’est-à-dire (par hypothèse) à la conservation de la nature de la chose elle-même ; mais cela est absurde (Prop. 6, p. III) ; en tant qu’elle s’accorde avec notre nature elle sera donc bonne nécessairement. C.Q.F.D. [*]


Quatenus res aliqua cum nostra natura convenit eatenus necessario bona est.

DEMONSTRATIO :

Quatenus enim res aliqua cum nostra natura convenit, non potest (per propositionem præcedentem) esse mala. Erit ergo necessario vel bona vel indifferens. Si hoc ponatur nempe quod neque bona sit neque mala, nihil ergo (per definitionem 1 hujus) ex ipsius natura sequetur quod nostræ naturæ conservationi inservit hoc est (per hypothesin) quod ipsius rei naturæ conservationi inservit sed hoc est absurdum (per propositionem 6 partis III) ; erit ergo quatenus cum nostra natura convenit, necessario bona. Q.E.D.

[*(Saisset :) En tant qu’une chose a de la conformité avec notre nature, elle nous est nécessairement bonne. Démonstration En effet, en tant qu’une chose a de la conformité avec notre nature, elle ne peut nous être mauvaise (par la Propos. précéd.). Elle nous sera donc bonne ou indifférente. Mais supposer qu’elle ne nous est ni bonne ni mauvaise, c’est supposer (par la Déf. 1) qu’il ne résulte rien de sa nature qui serve à la conservation de la nôtre, c’est-à-dire (par hypothèse) à la conservation de la sienne propre, conséquence absurde (par la Propos. 6, part. 3). Ainsi donc, en tant qu’une chose a de la conformité avec notre nature, elle nous est nécessairement bonne. C. Q. F. D.