EIV - Proposition 66


Nous préférerons sous la conduite de la Raison un bien plus grand futur à un moindre présent, et un mal moindre présent à un plus grand futur.

DÉMONSTRATION

Si l’Âme pouvait avoir d’une chose future une connaissance adéquate, elle serait affectée de même à l’égard d’une chose future et d’une présente (Prop. 62) ; en tant, par suite, que nous avons égard à la Raison même, comme nous le supposons dans cette Proposition, la situation est la même, qu’il s’agisse d’un bien plus grand (ou d’un mal plus grand) futur ou d’un présent ; par suite (Prop. 65), nous préférerons un bien plus grand futur à un moindre présent, etc. C.Q.F.D. [*]


Bonum majus futurum præ minore præsenti et malum præsens minus præ majore futuro ex rationis ductu appetemus.

DEMONSTRATIO :

Si mens rei futuræ adæquatam posset habere cognitionem, eodem affectu erga rem futuram ac erga præsentem afficeretur (per propositionem 62 hujus) ; quare quatenus ad ipsam rationem attendimus, ut in hac propositione nos facere supponimus, res eadem est sive majus bonum vel malum futurum sive præsens supponatur ac proinde (per propositionem 65 hujus) bonum futurum majus præ minore præsenti etc. appetemus. Q.E.D.

[*(Saisset :) La raison nous fera préférer un plus grand bien à venir à un moindre bien présent, et désirer un moindre mal présent qui est la cause d’un plus grand bien à venir. Démonstration Si l’âme pouvait avoir une connaissance adéquate d’une chose future, elle en serait affectée comme par une chose présente (en vertu de la Propos. 62). Par conséquent, en tant que nous considérons les choses suivant la raison, et c’est l’hypothèse que nous faisons dans cette proposition, il revient au même de supposer le bien et le mal dans l’avenir ou dans le présent. D’où il suit (par la Propos. 65) que la raison nous fera préférer un plus grand bien à venir à un moindre bien présent, etc. C. Q. F. D.