"Le caractère rhétorique du Traité théologico politique", par Fokke Akkerman

  • 3 mai 2004

D’abord quelques mots sur le progrès de la nouvelle édition en néerlandais projetée par l’Association Het Spinozahuis. Jusqu’ici la correspondance et les Principes de la Philosophie et Pensées Métaphysiques ont été traduits de nouveau et publiés en 1977 et 1982. Dans le dernier volume paru se trouvent aussi de nouvelles éditions des textes néerlandais du Court Traité et des petits écrits sur l’arc-en-ciel et sur le calcul des probabilités. Le volume que nous préparons maintenant contiendra le T.T.P. et le T.P. Une rédaction provisoire de la traduction du T.T.P. est à peu près achevée. Le volume ne sera publié qu’en 1986 ou 1987 [1]. On ne s’est pas encore décidé à une nouvelle traduction de l’Éthique et du T.I.E. L’entreprise n’est pas exclusivement la réalisation d’un idéal personnel. Le traducteur vise un certain public auquel il pense en travaillant, un éditeur investit beaucoup d’argent dans le travail et un employeur désire voir des résultats du projet dans un certain délai. Il va sans dire que ces obligations et engagements du traducteur influencent le caractère de la traduction et de l’appareil critique.

Le traducteur devant le texte du T.T.P.

La rencontre avec le texte du T.T.P. peut être vue sous trois aspects : rencontre avec sa latinité, son historicité et sa systématicité. Je voudrais dire quelques mots sur chacun de ces trois aspects, mais c’est à la systématicité que je prèterai le plus d’attention.

La latinité


La latinité de Spinoza fait partie d’un style scientifique du 17e siècle, qu’il faut connaître le mieux possible. Il ne faut donc pas négliger le peu qu’on a publié à ce sujet [2]. Son latin, du reste, ne pose pas de grands problèmes au traducteur. La syntaxe en est simple, le vocabulaire limité, la sémantique des mots peu variée. Mais le style du T.T.P. est sensiblement différencié selon les diverses méthodes de raisonnement appliquées par l’auteur, et c’est sur cette diversification que le traducteur doit réagir alertement. Les vraies difficultés sont causées par certains concepts et termes qui touchent au système, ou bien reflètent une manière de penser qui nous est devenue étrangère, ce qui apparaît par exemple par des termes comme imperium, societas, ius, res publica, pietas, religio, speculatio, philosophia etc. Personnellement je préfère traduire « naïvement » et littéralement, au lieu d’essayer de rendre la valeur d’un mot dont le contenu a changé au cours du temps, ou la signification qu’il a dans le système, par des détours compliqués. Il vaut mieux attirer l’attention du lecteur sur ces difficultés au moyen de notes. Le traducteur d’un texte historique doit d’ailleurs être modeste ; son travail de restructuration du système de pensée du texte-source est destiné à vieillir inévitablement dans une ou deux générations.

L’historicité


Mis à part ces questions linguistiques, l’historicité, bien sûr, joue son rôle un peu partout dans le texte. Je ne veux en parler ici que sous un seul aspect. A mon avis il est indispensable d’informer le lecteur sur les méthodes et les résultats de la critique biblique de Spinoza. Il doit être mis en état de mesurer la distance entre les connaissances de Spinoza sur ce point et celles de ses contemporains et prédécesseurs et, d’autre part, entre les connaissances de Spinoza et celles des spécialistes modernes. Je pense à de courtes notes [3] pour mettre le lecteur au courant des développements les plus importants de la science biblique. Il ne faut pas oublier que Spinoza compte parmi les fondateurs de cette science, le lecteur a donc droit à de telles informations.

La systématicité

Pour ce qui est de la systématicité, il faut observer tout d’abord que le T.T.P. contient un élément très important de rhétorique. Je ne me sers pas de ce mot « rhétorique » dans un sens péjoratif. La rhétorique était une méthode ou un but du discours, et une discipline qu’on enseignait dans toutes les écoles de l’Europe depuis l’Antiquité jusqu’à la moitié du 19e siècle. On peut exhiber la structure du livre par l’analyse de quelques textes spécimens. D’abord j’analyse le début du chapitre 12.

Spinoza commence le chapitre en introduisant ses adversaires : ils « ne manqueront pas de clamer que j’ai commis le péché contre le Saint-Esprit en jugeant la parole de Dieu menteuse, tronquée, falsifiée et incohérente ... etc. ». Ces adversaires sont les théologiens, qui voient dans la Bible une lettre de Dieu envoyée du ciel aux hommes. Mais cette interprétation de la Bible aussi bien que l’accusation portée contre Spinoza sont erronées, et c’est ce que l’auteur entreprend de démontrer dans ce chapitre. Il va donc d’une part découvrir quelques-uns des préjugés courants des théologiens, d’autre part se défendre soi-même contre les imputations d’impiété. Il s’agit là de deux objectifs du T.T.P. que Spinoza a relevés dans la lettre 30 à Oldenburg. L’attaque et la défense littéraire appartiennent toutes les deux à la même catégorie de textes. Elles s’adressent à un public déterminé dont elles veulent changer les opinions ou les actions. La théorie moderne parle de textes persuasifs [4], la tradition antique dans laquelle Spinoza pense et travaille, de textes rhétoriques. Au but rhétorique s’adaptent des moyens rhétoriques, qui sont enseignés dans les écoles et dans les manuels. Dans le chapitre 12 on s’en rend compte tout de suite. Les adversaires de Spinoza ne parlent pas, ils clament. Ils se servent de procédés de style vigoureux : une série de trois adjectifs mendosum, truncatum, adulteratum [5] dont le dernier n’est pas seulement le plus long, conformément à la loi du « tricolon crescendo », mais contient aussi un climax sémantique. Le tricolon est d’ailleurs encore amplifié d’un quatrième membre. Spinoza de son côté, fait appel sans délai à la fois à la raison et aux prophètes et aux apôtres. Ces autorités parleront pour lui, ou plutôt ils clameront clairement, car l’auteur prend soin de répéter le verbe clamare. Spinoza promet donc des raisonnements scientifiques dignes de foi selon deux méthodes : la méthode rationaliste, déductive, et la méthode empirique, inductive. Et, en effet, dans ce chapitre 12, suivront, après le début polémique (G. 158.21-160.2) qui fonctionne comme une préface, d’abord un avis qui annonce la matière traitée (la propositio en termes de rhétorique) (G. 160.2-10), et puis l’argumentation qui prend la forme d’une définition, une démonstration et une proposition (160.11-32) ou bien se développe selon la méthode empirique et inductive, c’est-à-dire en invoquant l’autorité des textes bibliques (160.32 ss.). Il semble donc que le chapitre 12 contient trois manières de raisonner, trois méthodes du discours : l’une polémique et rhétorique, surtout dans la bouche de l’adversaire, les deux autres rationaliste et empirique. Mais il ne faut pas se tromper. La définition rationaliste du sacré et du divin (160.11 ss.) explique ces deux termes par deux autres, pietas et religio qui ne sont expliqués nulle part et qui ont été empruntés, comme aussi les mots impius, immundus, profanus, à la langue commune sans que l’auteur essaie de les déduire de notions plus simples. Il est difficile d’admettre ces termes comme notiones clarae et distinctae. En outre, la démonstration elle-même (160.16 ss.) repose d’abord sur un exemple tiré de la Bible (160.16-20), ensuite sur un autre tiré de l’expérience (160.20-30). Bref, tout le raisonnement de 160.11-32 a l’air d’une démonstration rationaliste, mais ne l’est certainement pas au degré élevé que nous connaissons de l’Éthique. C’est qu’il a toutes les caractéristiques de la démonstration rhétorique telle qu’Aristote l’a décrite dans sa Rhétorique. Cette structure n’est nulle part lointaine dans le T.T.P., ce qui ne doit pas nous étonner. Le livre a pour but de persuader un certain public ; il veut intervenir dans la situation religieuse et politique des Pays-Bas, un objectif qui demande l’emploi de moyen rhétoriques. C’est ainsi que par exemple, le chapitre 7, d’un ton assez strict quand il s’agit de fonder une nouvelle méthode d’exégèse biblique, commence par une préface particulièrement véhémente. Il fallait évidemment d’abord déblayer le terrain, avant qu’il soit possible d’ériger un nouveau bâtiment. Dans la suite du livre Spinoza renvoie deux fois expressément à cette préface [6], ce qui montre clairement qu’il accorde une valeur spéciale à ce début rhétorique.

Ce n’est point le seul cas d’un chapitre qui commence par une sorte de préface polémique. Voir les chapitres 3, 13, 14. Et les nombreux passages polémiques dans le T.T.P. n’épuisent pas la composante rhétorique du livre. On peut y trouver aussi des textes laudatifs, p.e. dans les chapitres 4 et 20.

Autre procédé rhétorique : dans le chapitre déductif sur les fondements de l’État, le chapitre 16, des éléments rhétoriques sont ajoutés avec une grande habileté. Au milieu du raisonnement rationaliste l’auteur sème une poignée d’images, de comparaisons, d’exemples historiques, qui pour le lecteur moins enclin à un discours trop abstrait concrétisent les déductions. Détachés de leur entourage abstrait ils forment une chaîne dont les anneaux présentent une rationalité croissante : en premier lieu, il y a l’exemple des poissons dans l’eau qui se mangent entre-eux avec le plus grand droit de la nature, un topos qui était déjà devenu proverbial [7] ; l’image qui suit est celle du chat, qui n’est pas obligé de vivre conformément aux lois auxquelles obéit un lion. Puis nous avons l’exemple du brigand qui extorque à sa victime un contrat par la violence. La position du sujet vis-à-vis des autorités dans un état démocratique est comparée à la position de l’enfant envers ses parents. Deux pages plus loin le pouvoir absolu des autorités politiques est illustré par l’histoire du soldat qui quitte son poste, attaque et bat l’ennemi de sa propre initiative, sauve la patrie par cette action, mais est néanmoins condamné à mort pour avoir désobéi, un topos qui appartenait déjà au stock d’exemples dans la rhétorique ancienne [8]. A la fin du chapitre sont cités d’abord deux exemples pris dans l’histoire juive pour illustrer deux attitudes possibles du croyant vis-à-vis des autorités païennes : conclure un pacte avec ces autorités, comme l’ont fait la plupart des juifs pendant l’exil, ou bien se révolter et attendre le pire, comme l’a fait Eléazar dans sa lutte contre Antiochus. Le dernier exemple nous ramène non seulement à la réalité politique contemporaine, mais aussi au plus haut degré de rationalité : l’exemple des Hollandais qui convenaient avec les Japonais de s’abstenir dans leur enclave de toute manifestation publique de leur culte. Et en dehors de ces moyens explicites de rhétorique, le raisonnement dans le chapitre n’est pas non plus très rigoureux. Des propositions qui sont prouvées ordine geometrico dans l’Éthique, sont présentées ici comme des lois de la nature, évidentes en soi (189.25 ss. ; 191.34 ss.). Naturellement tout cela ne veut pas dire que le T.T.P. soit moins vrai que l’Éthique. La rhétorique ne vise pas à une vérité moindre ou à une vérité différente, elle fait usage d’autres moyens, puisqu’elle a un autre but que le raisonnement scientifique.

Mon affirmation que la structure du T.T.P. est dominée par la rhétorique, paraît être soutenue par le style, la méthode et la composition de la Préface. Je voudrais donc m’arrêter un moment sur ce texte, qui, autant que je sache, n’a jamais été analysé à fond. La préface se compose de cinq parties qui répondent régulièrement aux parties d’un discours antique. Ces parties sont :

1. L’exordium, qui contient une partie théorique sur la supersitio (Gebh. p. 5 - p. 7, ligne 5).
2. La propositio, où le thème du livre est déduit de la théorie précédente (Gebh. p. 7, ligne 6 - ligne 35).
3. La narratio, qui expose les faits ou circonstances qui ont poussé l’auteur à écrire le livre (Gebh. p. 8 - p. 9, ligne 15).
4. La divisio, c.-à-d. un résumé et subdivision des arguments qui serviront, dans les 20 chapitres du livre, à prouver la propositio (Gebh. p. 9, ligne 16 - p. 12, ligne 2).
5. L’epilogus ou la peroratio, dans laquelle l’auteur entre en contact direct avec son public (Gebh. p. 12, ligne 2 - fin).

Regardons ces cinq parties d’un peu plus près. La première contient la thèse suivante : tous les hommes sont sujets de nature à la superstition (6.18-19) (omnes homines natura superstitioni esse obnoxios), les causes de cette vérité (la thèse est donc prouvée) et les conséquences de ces causes pour la vie politique et religieuse. On pourrait être tenté de transformer la théorie en ordre géométrique en y voyant une proposition, une démonstration, un corollaire, un scolie peut-être. Mais l’ordre de ces éléments dans la Préface est différent : nous avons d’abord la démonstration dont est déduite la proposition. La démonstration est double : la première partie est déductive et part de certaines notions élémentaires concernant la nature humaine, la seconde partie est inductive : à partir d’un exemple historique, Alexandre le Grand, la même proposition est déduite. Mais les notions élémentaires sont empruntées à la langue et à l’expérience communes. A partir du début nous rencontrons des termes comme consilium, fortuna, superstitio, spes, metus, affectus, religio vexa aut vana etc. qui ne sont ni expliqués ni définis. Les termes cités et tout le raisonnement de l’exorde sont, conformément à la structure rhétorique de la Préface, empruntés à la vie quotidienne et à l’expérience commune ; par exemple une phrase : « personne en effet n’a vécu parmi les hommes sans avoir observé ... etc. ». Bien sûr, Spinoza se prépare à interpréter ces mots et conceptions sur la base de sa propre philosophie. Par son raisonnement il entraîne ses lecteurs avec lui dans la même direction, mais il vient les chercher avec leurs mots et leurs idées là où ils se trouvent, c’est-à-dire dans le domaine de tous les jours. C’est pourquoi plus d’une fois les termes dans le T.T.P. ont quelque chose d’ambigu ; leur sens oscille entre le sens précis qu’ils ont dans l’Éthique, et le sens plutôt vague de la langue quotidienne. On pourrait dire que certains mots et termes sont en quelque sorte suspendus dans un vide qu’il faut combler. C’est par là que le ton de la préface ressemble aux textes classiques ; je pense entre autres aux préfaces de Salluste. Pour le traducteur ou le commentateur il importe de ne pas réduire ces notions immédiatement au système de l’Éthique, on pourrait même dire il importe de ne pas trop intellectualiser le langage : le traducteur doit respecter le cadre rhétorique, ou, si vous voulez, littéraire, du texte. Revenons au texte. Les prémisses de la théorie contenues dans l’exorde, par ce procédé rhétorique, manquent d’évidence, cela va sans dire ; elles ne sont que vraisemblables.

La seconde partie de la démonstration, celle que j’ai appelée inductive, et reposant sur un seul exemple historique, ne peut pas non plus donner autre chose que de la probabilité. En outre tout le raisonnement de l’exorde emprunte un semblant de certitude à des allusions littéraires. La première ligne contient une citation de l’Eunuque de Térence, quelques lignes plus loin il y a un emprunt à une autre pièce du même auteur, l’Andria. Tacite, Quinte-Curce, Cicéron, peut-être Lucrèce figurent tous dans ce fragment de la Préface [9]. Spinoza n’a été nulle part dans son oeuvre plus prodigue de son érudition qu’ici. Eh bien, tout ce que je viens de noter en passant : la succession démonstration -proposition, déduction induction, allusions littéraires, exemple historique, appel à l’expérience, usage des mots communs, se trouve décrit (et prescrit) dans la Rhétorique d’Aristote comme caractéristique de la théorie et démonstration rhétoriques [10].

Le passage de l’exorde à la deuxième partie de la Préface est très heureux. Les remèdes qu’on a inventés dans les monarchies contre les mauvaises conséquences de la superstition sont dépeints comme pire que leurs causes. Les Turcs sont arrivés sous ce rapport au comble de la misère. Immédiatement après, par une sorte de saut antithétique, Spinoza passe aux circonstances régnant dans sa patrie, et qu’il estime très favorables à son entreprise. Naturellement, la Hollande n’était pas une démocratie idéale, et Spinoza ne le dit pas non plus. Pour peu qu’elle le fût, on n’aurait pas eu besoin du livre que l’auteur va écrire. Mais en tout cas la liberté religieuse y était garantie par le traité qui a fondé l’État, l’Union d’Utrecht de 1579 [11]. Les autorités respectaient le plus souvent cette liberté, par principe et par nécessité. Pour citer un seul aspect, en Hollande on pouvait se contenter du mariage civil, de déclarer les naissances et les décès aux autorités civils, bref, il était possible de vivre en dehors de toute Église sans rencontrer de difficultés [12]. C’était là une expérience collective de la communauté des Provinces unies (j’insiste sur le mot nobis, p. 7, 1. 21) ; de cette communauté se détache ensuite le « moi » du citoyen et philosophe Spinoza (cf. me, p. 7, 1. 24) qui s’impose la tache souhaitable et utile (rem non ingratam, neque inutilem, ibid.) de défendre la thèse que la liberté de philosopher peut être accordée... etc., proposition qui se trouve aussi sur la page de garde du livre (p. 7, 11. 21-25). Dans le climat politique de la Hollande il valait la peine d’essayer de gagner les gens à sa cause, c’est-à-dire de faire usage de la rhétorique dans sa pleine et véritable fonction.
Ce sentiment s’impose surtout dans la partie du discours qui suit, la narration, dans laquelle l’auteur expose de manière dramatique la situation religieuse actuelle [13]. Dans cette partie du discours, il fallait montrer, par la manière de présenter les faits et circonstances de la cause, ses propres points de vue sous un jour favorable. Il s’agissait donc de faire ressortir les traits défavorables de l’adversaire, et aussi, de cette façon, de se caractériser soi-même. Dans la narration, le public était invité à se ranger par sympathie du côté de l’orateur et des points de vue de ce dernier. C’est pourquoi, pour Spinoza, la véhémence, voire l’agressivité, était prescrite ici par l’art qu’il pratiquait dans ce livre. La rhétorique, en fin de compte, c’est une stratégie de guerre [14]. Dans cette partie, la preuve éthique (l’argument du caractère) et la preuve pathétique (l’argument émotionnel) s’ajoutent, selon la théorie du discours, à la preuve logique, qui est dans notre Préface présente dans l’exorde. Ainsi se constitue un ensemble de trois formes de la démonstration persuasive [15]. Spinoza arrive à son but à force de puiser profondément dans la topique anti-dogmatique, et anti-ecclésiastique [16], qui était sans doute fort répandue dans son temps et son pays, et que l’on rencontrait parmi les groupes religieux étrangers à l’église réformée, et aussi parmi les cercles dirigeants, les régents. N’oublions pas que les régents étaient souvent en opposition aux consistoires protestants. L’existence d’un sol fertile pour les opinions religieuses de Spinoza est prouvée par cette narratio de la Préface. La rhétorique ne fonctionne pas, si elle ne croit pas trouver un écho dans le public auquel elle s’adresse. Le succès du T.T.P. est d’ailleurs indiqué par le refus des autorités politiques d’interdire effectivement le livre, malgré les protestations des pasteurs. A partir des derniers jours de l’année 1669 jusqu’au mois de juin de 1678, elles ont fermé les yeux sur les activités de Jan Rieuwertsz, qui avec audace et habileté pendant ces 8 ans et demi a répandu le livre dans toute l’Europe [17]. S’ils l’avaient vraiment voulu, les magistrats auraient pu mettre fin à ses activités chaque jour de cette période. Il vaut la peine d’observer que l’année 1672 ne constitue guère une rupture. Les régents ont laissé le T.T.P. en paix, aussi bien pendant les 2 ans et demi qui restaient sous le pensionnat de Jean de Witt, que pendant les premiers 6 ans de la principauté de Guillaume d’Orange [18].

Je ne pense pas nécessaire d’insister sur la quatrième partie de la Préface, la divisio. Il est clair sans doute que cette partie, de nouveau, a un tout autre caractère que la précédente ; elle représente un autre mode de texte.

En ce qui concerne la cinquième partie, l’épilogue, Spinoza n’y réalise qu’un ou deux des objectifs prévus par Aristote pour cette partie du discours [19]. En tout cas il fait valoir de nouveau l’argument éthique. Ensuite il emploie l’épilogue pour entrer en contact direct avec son public, ou pour mieux dire, pour choisir lui-même son public. C’est le lecteur philosophe, le lecteur avec un goût pour la science et la philosophie, et aussi les hommes politiques, ceux-là même que Spinoza appelle les prudentiores dans la lettre 30 à Oldenburg. Une catégorie de gens qu’on ne doit pas se figurer trop petite, comme le justifient les innombrables livres d’érudition parus en Hollande pendant la deuxième moitié du siècle [20]]. C’est cette catégorie que l’auteur veut faire liberius philosophari (p. 12,1. 17).

Rapports entre l’Éthique et le T.T.P.

Ce caractère rhétorique du T.T.P. une fois déterminé, on peut de nouveau réfléchir sur les rapports entre l’Éthique et le T.T.P. Le plus souvent on a cherché des causes extérieures qui auraient conduit Spinoza à interrompre son travail sur l’Éthique pour écrire d’abord le T.T.P., p.e. la politique du pensionnaire Jean de Witt, qu’il aurait voulu soutenir, l’agressivité croissante des pasteurs réformés, qu’il voulait combattre.

Je crois cependant qu’il faut d’abord chercher une motivation d’ordre philosophique ou méthodologique. L’Éthique n’est pas un livre qui appelle à l’action, mais elle est bien un livre d’un fort dynamisme qui démontre que le salut de l’homme ne peut se réaliser que par sa participation à la vie publique [21]. Si l’on accepte cette genèse philosophique de l’idée du T.T.P., qui d’ailleurs ne contredit point les causes religieuses ou politiques extérieures, on a donc dans l’œuvre de Spinoza une triple motivation pour écrire le livre. D’abord celle de l’Éthique sur le plan le plus élevé de la construction rationaliste, énoncée selon l’ordre géométrique, ensuite celle de la Préface du T.T.P., dans la narratio, sur le plan rhétorique du livre même, qui prend ici la forme d’un appel du citoyen des Provinces Unies à ceux parmi ses concitoyens qui sont prêts à se libérer des préjugés ecclésiastiques et, enfin, la motivation de la lettre 30, au plan de l’auteur comme individu et comme savant, exprimée devant un ami et collègue-savant. Chacune de ces motivations s’exprime dans le cadre méthodologique du texte qui la contient. Ces motivations ne se contredisent point [22], mais ne se confondent pas non plus. Le T.T.P. n’est pas en premier lieu destiné à un autre public que l’Éthique, il sert à un autre but, il enseigne deux autres disciplines, qui exigent une autre méthode. On peut supposer que Spinoza s’est rendu compte de cette situation au cours de l’année 1665. Une situation qui était personnelle aussi : s’il voulait se libérer soi-même, il fallait tirer du cœur de l’Éthique, elle-même fondée sur la métaphysique et la physique, deux autres disciplines : la théologie et la politique ; celles-ci devraient opérer pratiquement dans la communauté. Ces disciplines cependant ne cadreraient pas du tout avec la méthode rationaliste et déductive de l’Éthique. Elles demanderaient un cadre de rhétorique, et donc un autre traité. De la sorte les deux ouvrages de Spinoza feraient partie d’un seul système philosophique, qui au moyen de cinq disciplines différentes prête au monde une structure rationaliste et en même temps le pousse dans une autre direction. Il convient donc de considérer le T.T.P. comme un complément nécessaire de l’Éthique.

Pour ce point de vue il existe, à mon avis, quelques indications extérieures :

(1) Le fait surprenant que Spinoza dans le T.T.P. ne renvoie jamais à l’Éthique ni inversement dans l’Éthique au T.T.P. Ailleurs il n’évite nulle part ces renvois à ses autres ouvrages, ni dans les lettres, ni dans le T.I.E., ni dans le T.P. C’est que dans le cas du T.T.P. et de l’Éthique, la pureté exigée des méthodes différenciées rend les références impossibles. Tout comme dans l’antiquité on était au 17e siècle encore et de nouveau très conscient de l’incompatibilité des diverses méthodes du discours [23]. Autrement dit et plus particulièrement dans le cas de Spinoza : il était inutile pour lui de renvoyer un lecteur qu’il voulait persuader de certaines vérités à un autre texte dans lequel il démontre la vérité.

(2) Lorsqu’il était en train d’achever son Éthique [24], Spinoza tout d’un coup se décide à écrire d’abord un livre, se met à l’ œuvre, accomplit ce dessein en quatre années, publie le livre, et seulement après cela mène à terme l’Éthique. Pour un homme aussi conscient du but que Spinoza, cela ne peut que signifier que les deux livres feraient partie d’un même système. Il doit avoir aussi très bien compris que le T.T.P. causerait des réactions violentes, tandis qu’il aurait pu publier probablement l’Éthique sans que cela fasse beaucoup de bruit.

(3) Spinoza ne parle pas d’un ouvrage de sa main portant le nom d’Éthique avant l’année 1665 (Ep. 23, datée le 13 mars). Auparavant, et plus tard vers le 1er juin de cette année (Ep. 28), il écrit : philosophia (mea) (nostra) (T.I.E., Gebh. 11, pp. 14, 15, 29, 31). On a l’impression qu’entre environ le premier juin (Ep. 28) et le premier octobre (lettre disparue, v. Epp. 29 et 30) il a compris non seulement que l’Éthique deviendrait trop longue pour être complétée en trois parties, mais aussi que pour que sa philosophie soit effective, il devrait d’abord écrire un autre livre, c’est-à-dire le T.T.P., dont il n’avait jamais été question avant les lettres qu’échangeaient Spinoza et Oldenburg vers le 1er octobre (v. Epp. 29 et 30).

La composition du T.T.P.

Finalement un mot sur la composition du T.T.P. Trois pièces d’un intérêt particulier se dégagent, selon moi, du texte entier. La Préface, qui contient le thème de l’ouvrage, la position de l’auteur vis-à-vis de la matière, de sa patrie et de ses lecteurs, le chapitre 7 qui enseigne une nouvelle méthode pour étudier la Bible, et le chapitre 14, dans lequel Spinoza atteint son but : séparer définitivement la théologie et la philosophie, « l’essentiel de ce que j’ai en vue dans ce traité », comme il dit lui-même (praecipua..., quae in hoc tractatu intendo (Gebh. III, p. 180)). Chaque ligne de ce chapitre 14 montre d’ailleurs qu’il présente pour l’auteur un intérêt capital. Avec cela le livre entier consiste en 21 parties, une préface et 20 chapitres, qui sont groupées en trois séries de 7, ou plutôt en trois séries d’une plus six. Il est hors de doute que le chapitre 7 a été rangé à dessein à la place qu’il occupe. Or, Spinoza se sert de la nouvelle méthode pour étudier la Bible qu’il esquisse dans le septième chapitre dès le premier chapitre [25]. Le chapitre 14 aussi, du moins à ce qu’il me semble, aurait trouvé une place plus naturelle s’il avait été placé en conclusion de la série de chapitres qui traitent la théologie. Cela ne me semble pas non plus un hasard si l’auteur est arrivé à un nombre rond de 20 chapitres. La Préface a été construite en cinq parties, autre nombre favori de l’auteur. L’Éthique compte cinq parties, mais avait été d’abord conçue en trois, comme c’était le cas dans le Court Traité. Dans l’Éthique il y a trois disciplines en jeu, le métaphysique, la physique et l’éthique proprement dite. Le traitement de cette dernière est de nouveau divisé en trois parties. Les nombres trois et cinq dominent aussi le sceau de Spinoza. Depuis que M. Mignini nous a appris à lire la langue emblématique du sceau [26], nous savons que la rameau à roses compte probablement cinq roses en diverses phases d’épanouissement ; le nom du propriétaire du sceau est indiqué par trois lettres, B.D.S., à gauche, à droite et en haut du sceau, le mot CAVTE en bas compte cinq lettres. Depuis l’antiquité jusqu’au 18e siècle on a aimé à composer des oeuvres littéraires sur la base de séries de nombres. E.R. Curtius dans son livre Europäische Literatur und lateinisches Mittelalter a consacré à ce sujet un très bel appendice [27]. Personnellement je ne doute pas que Spinoza ait consciemment joué avec ces compositions numériques. S’agit-il d’un simple jeu intellectuel ou faut-il chercher des raisons plus sérieuses ? Y a-t-il une raison quelconque d’attribuer une valeur symbolique à ces chiffres ? C’est là un tout autre problème. Non qu’il n’y ait pas d’exemples d’un pareil symbolisme, ou qu’il soit difficile d’imaginer, dans le cas de Spinoza, des interprétations possibles. Il faudrait pour cela qu’on soit sûr qu’il a voulu exprimer quelque message par ces chiffres. Spéculons un moment : 7 et 3, qui déterminent le plan de construction du T.T.P., sont les nombres les plus sacrés de la Bible, de l’Ancien et du Nouveau Testament respectivement : 7 symbolise l’alliance de Dieu avec le monde, 3 indique la sainte Trinité. Et 20, le nombre des chapitres, est constitué par 2 fois 10, et 10 est le nombre de la plénitude ; il y a deux disciplines dans ce livre qui sont traitées à fond ou pleinement. Dix donc pour la perfection et l’intégrité d’une discipline. L’Éthique compte 5 parties, ce qui pourrait signifier que l’Éthique en elle-même n’est plus que la moitié de la « philosophia mea » [28].Mais on risque très vite avec ces interprétations de s’égarer dans un marais de vaines spéculations. Abstraction faite de toute spéculation sur un symbolisme quelconque, l’ensemble des deux traités complémentaires de Spinoza présente, par son alternance de méthodes, de styles et de disciplines, une structure baroque, merveilleuse dans sa complexité, et que souligne le jeu de nombres appliqué dans la composition [29].


[1Door het onverwacht overlijden, op 7 oktober 1986, van prof. dr H.G. Hubbeling, die de annotatie mede voor zijn rekening zou hebben genomen, is de publikatie opgeschort. Vermoedelijk komt de vertaling nu in 1966 uit. Red.

[2Un livre utile : Margareta Benner and Emin Tengström, On the interpretation of learned Neo-Latin. An explorative study based on some texts from Sweden (1611-1716). Studia Graeca et Latina Gothoburgensia XXXIX. Acta Universitatis Gothoburgensis, 1977.

[3A la manière de la note du prof. H.G. Hubbeling sur le salpêtre, dans F. Akkerman etc. Spinoza. Briefwisseling, Amsterdam 1977, pp. 441-444.

[4V. James L. Kinneavy, A theory of discourse. The aims of discourse, Prentice-Hall 1971, pp. 212-218.

[5A propos de la traduction que je viens de citer, qui est celle de Charles Appuhn, le mot mendosum n’est pas traduit correctement par menteuse, et falsifée est certainement trop faible pour adulteratum. Spinoza prend soin de ne répéter qu’une seule fois le mot adulteratum, ailleurs il se sert de synonymes plus sobres comme depravare, falsificare, corrumpere, profanare. Pour rendre au texte toute sa vivacité, je crois que le traducteur doit observer et traduire ces variantes avec soin.

[6Dans les chap. XII et XIV : Gebh. 159.14 (in praefatione Cap. VII) et 175.4-5 (in initio Cap. VII).

[7« Grandibus exigui sunt pisces piscibus esca », devise d’un emblème qui se trouve à une estampe dans le Cabinet des Estampes à Amsterdam, reproduite dans A.Th. van Deursen, Het kopergeld van de Gouden Eeuw, vol. 111, Volk en overheid, Assen 1979, p. 7. Déjà proverbiale dans les langues classiques, v. A. Otto, Die Sprichwörter der Römer, s.v. piscis.

[8On rencontre l’histoire chez Tite Live 4.29.5 et 8.7. Elle est devenue exemple rhétorique chez Valère Maxime 2.7.6 ; pour un emploi du topos, v. Salluste, Bellum Cat. 9.4. Je dois ces références à mon collègue le Dr. J.A.R. Kemper.

[9Tér. Eun. 57-58 (Gebh. 5.20) ; Andr. 266 (G. 5.7-8) ; Quinte-Curce V. 3.12 (G. 6.4-5) ; idem VII. 7.30 (G. 6.7 ss.) ; idem IV 10.30 (G. 6.13 ; 30-31 ; 7.10) ; Tac. Ann. 2.36.2 (G. 7.6) ; idem, ibid. IV 34.2 (G. 7.19) ; Tac. Hist. I. 1.6 (G. 7.21-22) : idem, ibid. V. 13.1 (G. 5.22-23) ; Lucr. I. 101 (G. 5.34) ; Cic. De Nat. Deor. I. 117 e.a. (v. la note de A.S. Pease) (G. 5.23).

[10V. Arist. Rhét. Il. chap. 18-26.

[11Article 13 : « ... pourvu que chacun, en personne privée, reste libre en matière de religion, et qu’on n’examine ni ne persécute personne à cause de sa religion ».

[12V. A.Th. van Deursen, o.c., vol. II, Volkskultuur, Assen/Amsterdam 1978, p. 28 (le mariage) : idem, vol. IV, Hel en Hemel, Assen 1980, pp. 41-42 (l’enterrement et le baptême). V. aussi p. 46 : on était libre de devenir membre de l’Eglise réformée ou non.

[13Sur les fonctions de la narratio v. Aristote, Rhét. 111. 16 (1416b-1417b) : Kinneavy, o.c., p. 267 s.

[14« ... all rhetoric exists in a situational context of nonagreemnt which the rhetorician is attempting to bring to a state of identiication », Kenneth Burke, cité par Kinneavy, o.c. p. 221. Gagner de l’adhésion en battant l’ennemi est le but de la narratio de notre Préface.

[15V. Kinneavy, o.c., pp. 236-263.

[16K.O. Meinsma a cité des exemples frappants cette topique dans les poèmes de Jan Zoet, v. Spinoza en zijn kring, La Haye 1896, pp. 114-124.

[17V. Fritz Bamberger, « The early editions of Spinoza’s Tractatus Theologico-Politicus », dans Studies in Bibliography and Booklore (publ. by the Library of Hebrew Union College - Jewish Institute of Religion, Cincinnati, Ohio), V (1961) 9-33.

[18C’est seulement après la publication des Opera Posthuma (en Latin et en Hollandais) que les autorités sont intervenues effectivement ; celles de l’université et de la commune de Leyde étaient les premières ; v. Freudenthal, Lebensgeschichte, p. 177 s.

[19V. Arist. Rhét. III. 19 ; Kinneavy, o.c. 272.

[20La grande activité des traducteurs Hollandais en témoigne ; v. par exemple le catalogue de l’œuvre de J.H. Glazemaker : Glazemaker 1682-1982, Universiteitsbibliotheek van Amsterdam 1982. [Zie hierboven, pp. 42-46. - Red.

[21V. par exemple Eth. VI, prop. 18. scolie ; prop. 73.

[22Il n’y a pas de contradiction p.e. entre l’intention de se défendre soi-même en personne contre les accusations du vulgaire (v. Ep. 30) et la publication anonyme du T.T.P. adressée aux prudentiores. Sur le plan rhétorique celle-ci peut bien être une excellente défense.

[23Au 17e siècle les rhétoriciens (notamment le Hollandais G.J. Vossius) séparaient strictement les deux méthodes d’argumentation, les méthodes dialectique et rhétorique. V. Marijke Spics, « Argumentative aspects of rhetoric », dans Rhetoric revalued, éd. Briand Vickers, New York 1982, p. 190.

[24En juin 1665 Spinoza avait avancé jusqu’à Eth. IV, prop. 21, si du moins il n’a pas changé plus tard le nombre et l’ordre des propositions, c’est-à-dire qu’il était sur le point de traiter le bonheur humain et ses possibilités et restrictions.

[25Sylvain Zac a signalé la place surprenante qu’occupe le chapitre VII dans la construction du livre ; v. Signification et valeur de l’interprétation de l’Ecriture chez Spinoza, Paris 1965, pp. 10-11.

[26V. F. Mignini. « Il sigillo di Spinoza », dans La Cultura 19 (1981) 2, 351-389.

[27Édition de 1969, pp. 491-498.

[28V. Roland Caillois, dans l’introduction de l’édition de la Pléiade, p. XXXV.

[29Je tiens à exprimer ici mes sentiments très vifs de reconnaissance à ma femme et à mon collègue le Dr. A.F. Rombout pour m’avoir aidé avec la rédaction du texte français de cette contribution.

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