PPD - III - Postulat



On demande d’accorder que toute cette matière dont est composée le monde visible a été divisée dans le principe par Dieu en particules aussi égales que possible entre elles ; non point en particules sphériques parce que plusieurs corps globulaires joints ensemble ne remplissent pas un espace continu, mais en partie figurées d’autre sorte, moyennement grandes, c’est-à-dire intermédiaires entre toutes celles dont sont composés le ciel et les astres. Qu’en outre ces particules aient eu en elles autant de mouvement qu’il s’en trouve actuellement dans le monde et aient été mues également, et cela ou bien d’un mouvement particulier à chacune autour d’un centre propre, et tel que toutes, restant séparées les unes des autres, composent un corps fluide comme nous jugeons qu’est le ciel, ou bien plusieurs ensemble autour de certains autres points, également distants les uns des autres et disposés en même sorte que sont maintenant les centres des étoiles fixes, et même autour d’un nombre un peu plus grand de centres de façon à comprendre les planètes, si bien qu’elles aient composé autant de tourbillons qu’il y a maintenant d’astres dans le monde.

Voir la Figure, Article 47, Partie III des Principes. Cette hypothèse considérée en elle-même n’enveloppe aucune contradiction ; car de la sorte on n’attribue rien à la matière en dehors de la divisibilité et du mouvement et nous avons démontré plus haut que ces modifications existent réellement dans la matière ; et puisque nous avons fait voir que la matière est indéfinie et que celle du ciel comme celle de la terre ne sont qu’une seule et même matière, nous pouvons supposer sans aucun risque de contradiction que ces modifications ont pu exister dans la matière tout entière.

Cette hypothèse est, en outre, la plus simple parce qu’elle ne suppose aucune inégalité et aucune dissemblance ni entre les particules dans lesquelles la matière a été divisée à l’origine, ni même dans leur mouvement ; d’où il suit que cette hypothèse est aussi la plus facile à entendre. Cela suit encore avec évidence de ce que par cette hypothèse il n’est rien supposé dans la matière, sauf ce qui est connu de soi à chacun par le seul concept de la matière, à savoir la divisibilité et le mouvement dans l’espace.

Que maintenant de cette même hypothèse on puisse déduire réellement, autant que la chose est possible, tout ce qui s’observe dans la Nature, nous nous efforcerons de le montrer, et cela dans l’ordre suivant. En premier lieu, nous en déduirons la fluidité des cieux et nous expliquerons comment elle est cause de la lumière. Ensuite nous passerons à la nature du Soleil et en même temps à ce qui s’observe dans les étoiles fixes. Après quoi nous parlerons des Comètes et enfin des Planètes et de leurs Phénomènes.