TRE - 73

  • 18 septembre 2005


Il ne nous reste donc qu’à chercher par quelle puissance notre esprit peut former ces idées et jusqu’où s’étend cette puissance ; cela trouvé en effet, nous aurons facilement la connaissance la plus haute à laquelle nous puissions parvenir. Car il est certain que cette puissance de l’esprit ne s’étend pas à l’infini quand nous affirmons de quelque chose ce qui n’est pas contenu dans le concept que nous en formons, cela indique en effet qu’il y a en nous un manque de perception, c’est-à-dire que nos pensées ou nos idées sont mutilées en quelque sorte et tronquées. Nous avons vu que le mouvement d’un demi-cercle est faux sitôt qu’il est isolé dans l’esprit et qu’il est vrai s’il est joint au concept de la sphère ou à celui de quelque cause déterminant un tel mouvement. Que si, comme on le voit d’abord, il est de la nature d’un être pensant, de former des pensées vraies c’est-à-dire adéquates, il est certain que nos idées inadéquates ont pour unique origine que nous sommes une partie d’un être pensant dont certaines pensées dans leur intégrité, certaines seulement par partie, constituent notre esprit.


Superest igitur tantum quaerere, qua potentia mens nostra eas formare possit, et quousque ea potentia se extendat ; hoc enim invento facile videbimus summam, ad quam possumus pervenire, cognitionem. Certum enim est, hanc eius potentiam se non extendere in infinitum : Nam cum aliquid de aliqua re affirmamus, quod in conceptu, quem de ea formamus, non continetur, id defectum nostrae perceptionis indicat, sive quod mutilatas quasi et truncatas habemus cogitationes sive ideas. Motum enim semicirculi falsum esse vidimus, ubi nudus in mente est, eum ipsum autem verum, si conceptui globi iungatur, vel conceptui alicuius causae talem motum determinantis. Quod si de natura entis cogitantis sit, uti prima fronte videtur, cogitationes veras sive adaequatas formare, certum est, ideas inadaequatas ex eo tantum in nobis oriri, quod pars sumus alicuius entis cogitantis, cuius quaedam cogitationes ex toto, quaedam ex parte tantum nostram mentem constituunt.