TRE - 95

  • 28 septembre 2005


Pour qu’une définition soit dite parfaite elle devra exprimer l’essence intime de la chose et nous prendrons garde qu’à la place de cette essence, nous ne mettions certaines propriétés de la chose. Pour éclaircir cela, à défaut d’autres exemples que j’écarte pour n’avoir pas l’air de vouloir mettre en lumière les erreurs des autres, je prendrai seulement l’exemple d’une chose très abstraite que l’on peut, sans que cela fasse de différence, définir d’une manière quelconque, à savoir le cercle : si on le définit une figure ou les lignes menées du centre à la circonférence sont égales, il n’est personne qui ne voie que cette définition n’exprime pas du tout l’essence du cercle, mais seulement une de ses propriétés. Et bien que, comme je l’ai dit, cela importe peu quand il s’agit de figures et d’autres êtres de raison, cela importe beaucoup dès qu’il s’agit d’êtres physiques et réels : effectivement les propriétés des choses ne sont pas clairement connues aussi longtemps qu’on n’en connaît pas les essences ; si nous passons outre sans nous arrêter aux essences, nous renverserons nécessairement l’enchaînement des idées qui doit reproduire dans l’entendement l’enchaînement de la Nature, et nous nous éloignerons tout à fait de notre but.


Definitio ut dicatur perfecta, debebit intimam essentiam rei explicare, et cavere, ne eius loco propria quaedam usurpemus. Ad quod explicandum, ut alia exempla omittam, ne videar aliorum errores velle detegere, adferam tantum exemplum alicuius rei abstractae, quae perinde est, quomodocumque definiatur, circuli scilicet ; quod si definiatur, esse figuram aliquam, cuius lineae, a centro ad circumferentiam ductae, sunt aequales, nemo non videt talem definitionem minime explicare essentiam circuli, sed tantum eius aliquam proprietatem. Et quamvis, ut dixi, circa figuras et cetera entia rationis hoc parum referat, multum tamen refert circa entia physica et realia ; nimirum, quia proprietates rerum non intelliguntur, quamdiu earum essentiae ignorantur ; si autem has praetermittimus, necessario concatenationem intellectus, quae naturae concatenationem referre debet, pervertemus, et a nostro scopo prorsus aberrabimus.


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