Traité politique, VI , 07



Ajoutez encore que les rois redoutent leurs fils plus qu’ils ne les aiment et cela d’autant plus que ces fils sont plus habiles dans les arts de la paix comme à la guerre et plus aimés des sujets pour leurs vertus. Les rois s’appliqueront donc à élever leurs fils de manière à n’avoir pas de raisons de les craindre. Et les officiers du royaume en cette matière défèrent avec empressement au désir du roi et font de leur mieux pour que le prince appelé à succéder soit un homme sans culture plus facile à manœuvrer [1].


Traduction Saisset :

Ajoutez que les rois craignent leurs fils plus qu’ils ne les aiment, et cette crainte est d’autant plus forte que les fils montrent plus de capacité pour les arts de la paix et pour ceux de la guerre et se rendent plus chers aux sujets par leurs vertus. Aussi les rois ne manquent-ils pas de leur faire donner une éducation qui ne leur laisse aucun sujet de crainte. En quoi ils sont fort bien servis par leurs familiers qui mettent tous leurs soins à préparer au roi un successeur ignorant qu’on puisse adroitement manier.


Accedit praeterea, quod reges filios etiam plus timent quam amant, et eo magis, quo pacis, bellique artes magis callent et subditis ob virtutes dilectiores sunt. Unde fit, ut eos ita educare studeant, ut causa timendi absit. Qua in re officiarii promptissime regi obsequuntur et studium adhibebunt summum, ut regem successorem rudem habeant, quem arte tractare possint.

[1Voyez, par ex., le Deuxième livre de Samuel, chap. 13-20, sur la guerre d’Absalon contre son père David.