Traité politique, VII, §03
Que l’office de celui qui détient le pouvoir soit de connaître toujours la situation de l’État, à condition de veiller au salut commun, et de faire ce qui est utile à la majeure partie des sujets, tout le monde en convient. Comme d’autre part un seul homme ne peut embrasser tout cela d’un regard, ni avoir toujours l’esprit également présent et l’employer à penser, qu’il est souvent empêché par la maladie, la vieillesse ou d’autres causes, de s’occuper des affaires publiques, il est nécessaire que le monarque ait des conseillers sachant l’état des affaires, aidant le roi par leur conseil et le suppléant souvent. C’est ainsi que l’État ou la Cité conservera toujours une même âme.
Traduction Saisset :
Que ce soit le devoir de celui qui tient l’autorité de connaître toujours la situation et la condition de l’empire, de veiller au salut commun et de faire tout ce qui est utile au plus grand nombre, c’est un principe qui n’est contesté de personne. Mais comme un seul homme ne peut pas regarder à tout, ni avoir toujours l’esprit présent et disposé à la réflexion, comme, en outre, la maladie, la vieillesse et d’autres causes l’empêchent souvent de s’occuper des affaires publiques, il est nécessaire que le monarque ait des conseillers qui connaissent la situation des affaires, aident le Roi de leurs avis et agissent souvent à sa place, de telle sorte qu’une seule et même âme dirige toujours le corps de l’État.
Quod officium eius, qui imperium tenet, sit imperii statum et conditionem semper noscere et communi omnium saluti vigilare, et id omne, quod maiori subditorum parti utile est, efficere, apud omnes in confesso est. Cum autem unus solus omnia perlustrare nequeat, nec semper animum praesentem habere et ad cogitandum instituere, et saepe morbo aut senectute aut aliis de causis rebus vacare publicis prohibeatur ; necesse ergo est, ut monarcha consiliarios habeat, qui rerum statum noscant et regem consilio iuvent et ipsius locum saepe suppleant ; atque adeo fiat, ut imperium seu civitas una semper eademque mente constet.