AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR AU SUJET DU COURT TRAITE
Le texte qui a servi de base à mon travail et que j’ai suivi, autant que je l’ai pu, est le texte hollandais de l’édition van Vloten et Land ; toutes les fois que je m’en suis écarté, j’en ai avisé le lecteur [1].
J’ai reproduit celles d’entre les variantes du texte qui m’ont paru présenter quelque intérêt. Quand je me suis trouvé en présence de deux leçons, j’ai adopté le plus souvent celle du manuscrit A, ne donnant la préférence à celle du manuscrit B, que lorsqu’elle était nettement supérieure à l’autre en clarté.
Dans un certain nombre de passages, j’ai dû faire des corrections de diverse nature : ajouter, supprimer, déplacer, modifier des mots, voire des membres de phrase. Dans cette partie de mon travail, je me suis aidé principalement de la traduction allemande de Sigwart, de l’édition hollandaise de W. Meijer, enfin des indications précieuses de Freudenthal (Zeitschrift für Philosophie, Bd. 108, 109).
Tous les mots mis entre crochets [ ] sont des mots que j’ai ajoutés pour rendre la phrase intelligible et en faciliter la lecture ; quand ces mots sont accompagnés de la lettre B, c’est qu’ils sont empruntés au manuscrit B.
J’ai tenu à conserver la division en paragraphes de Sigwart, afin que les recherches et les comparaisons fussent plus aisées. Par cela même, je m’interdisais de faire subir au texte des remaniements considérables comme ceux qui rendent particulièrement neuve et intéressante l’édition de W. Meijer. Mon intention n’était d’ailleurs pas le moins du monde de tenter une restitution (très difficile, sinon impossible) du Court Traité. J’ai seulement voulu mettre à la disposition du public français un instrument de travail plus commode que ne l’était la traduction publiée par M. Paul Janet en 1878.
Toutes les notes qui portent un numéro d’ordre sont de Spinoza, ou font du moins partie du contenu des manuscrits. Les notes relatives à l’établissement de texte sont toutes indiquées par un astérisque *. Enfin, un petit nombre de brèves observations personnelles, destinées dans ma pensée à épargner la peine du lecteur, lui sont signalées par la lettre 0 [2] [3].
Les observations assez nombreuses que j’aurai à faire sur la traduction de certains mots et de certains passages se trouveront dans les notes explicatives auxquelles je prie le lecteur de se reporter. Je me contenterai de dire ici que je cherche à mettre mon vocabulaire en accord avec celui que j’emploie dans la tradduction des ouvrages dont le texte latin primitif nous a été conservé. Ainsi je rends verstaan par connaître toutes les fois que je considère ce mot comme répondant au latin intelligo (Voir l’avertissement relatif au traité de la réforme de l’entendement).
[1] L’édition de 1928 ajoute une « Note du traducteur » (pp.IX à XIX) qui précise : « Quand il s’est agit de réimprimer ce premier volume, j’ai naturellement tenu à consulter la belle édition de Spinoza donnée par M. C. Gebhardt sous le patronage de l’Académie des Sciences de Heidelberg : Spinoza Opera im Auftrag des Heidelberg Akademie des Wissenschaften herausgegeben. Heidelberg Karl Winters Universitätsbuchhandlung.
En ce qui concerne le Court Traité, M. Gebhardt, après une étude très attentive, est arrivé à cette conclusion que le manuscrit Monnikhoff (celui que j’ai appelé B) avait été entièrement rédigé d’après le manuscrit du XVIIè siècle (celui que j’ai appelé A). Monnikhoff a simplement cherché à rendre plus correct et plus lisible un manuscrit reconnu fautif. Ses corrections sont parfois justifiées, souvent aussi les leçons nouvelles qu’il a introduites doivent être rejetées parce qu’elles affaiblissent ou altèrent la pensée de Spinoza. Le manuscrit A est la seule source authentique et M. Gebhardt a montré qu’il était souvent possible de l’interpréter de façon satisfaisante en modifiant parfois légèrement le texte des passages mal compris par Monnikhoff.
J’aurais voulu faire profiter les lecteurs français de Spinoza des recherches entreprises par M. Gebhardt en vue de son édition et corriger la traduction de façon à l’accorder avec le texte donné par lui partout où je juge que la leçon qu’il adopte vaut mieux que celle que j’ai suivie. Certaines difficultés typographiques s’opposant à des remaniements qui auraient dû être assez importants, j’ai pris le parti d’annexer au présent volume une liste des passages à modifier dans le Court traité et aussi dans le Traité de la réforme de l’entendement. Je prie le lecteur de s’y reporter. » Suit la liste de ces modifications. Cette édition électronique les ajoutera en notes dans le cours du texte (jld).
[2] Ces indications s’appliquent aussi à la traduction du Sommaire d’abord publié par Bochmer (voir ci-dessus).
[3] Dans cette édition, les notes de Spinoza sont appelées par des numéros, celles de Ch. Appuhn indistinctement par des astérisques * (note jld).