EIII - Proposition 13

  • 6 mai 2004

Quand l’âme imagine ce qui diminue ou réduit la puissance d’agir du Corps, elle s’efforce, autant qu’elle peut, de se souvenir de choses qui excluent l’existence de ce qu’elle imagine.

DÉMONSTRATION

Aussi longtemps que l’Âme imagine quelque chose de tel, la puissance de l’Âme et du Corps est diminuée ou réduite (comme nous l’avons démontré dans la Prop. précédente) ; et, néanmoins, elle imaginera cette chose jusqu’à ce qu’elle en imagine une autre qui exclue l’existence présente de la première (Prop. 17, p. II) ; c’est-à-dire (comme nous venons de le montrer) la puissance de l’Âme et du Corps est diminuée ou réduite jusqu’à ce que l’Âme imagine une autre chose qui exclut l’existence de celle qu’elle imagine ; elle s’efforcera donc (Prop. 9, p. III), autant qu’elle peut, d’imaginer cette autre chose ou de s’en souvenir. C.Q.F.D. [*]


Cum mens ea imaginatur quæ corporis agendi potentiam minuunt vel coercent, conatur quantum potest rerum recordari quæ horum existentiam secludunt.

DEMONSTRATIO :

Quamdiu mens quicquam tale imaginatur tamdiu mentis et corporis potentia minuitur vel coercetur (ut in præcedenti propositione demonstravimus) et nihilominus id tamdiu imaginabitur donec mens aliud imaginetur quod hujus præsentem existentiam secludat (per propositionem 17 partis II) hoc est (ut modo ostendimus) mentis et corporis potentia tamdiu minuitur vel coercetur donec mens aliud imaginetur quod hujus existentiam secludit quodque adeo mens (per propositionem 9 hujus) quantum potest imaginari vel recordari conabitur. Q.E.D.


[*(Saisset :) Quand l’âme imagine des choses qui diminuent la puissance d’agir du corps, elle s’efforce, autant qu’il est en elle, de rappeler d’autres choses qui excluent l’existence des premières. Démonstration Tant que l’âme imagine des choses qui diminuent ou empêchent la puissance d’agir du corps, la puissance de l’âme et du corps est diminuée ou empêchée (comme nous l’avons démontré dans la précéd. Propos.), et toutefois, l’âme continue d’imaginer ces choses jusqu’à ce qu’elle en imagine d’autres qui excluent l’existence des premières (par la Propos. 17, partie 2) ; en d’autres termes (comme nous l’avons montré tout à l’heure), la puissance de l’âme et du corps sera diminuée ou empêchée jusqu’à ce que l’âme imagine ces choses nouvelles dont on a parlé ; et par conséquent elle devra (par la Propos. 9) s’efforcer, autant qu’il est en elle, de les imaginer ou de les rappeler. C. Q. F. D.

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