EIII - Proposition 30

  • 12 mai 2004

Si quelqu’un a fait quelque chose qu’il imagine qui affecte les autres de Joie, il sera affecté d’une Joie qu’accompagnera l’idée de lui-même comme cause, si au contraire il fait quelque chose qu’il imagine qui affecte les autres de Tristesse, il se considérera lui-même avec Tristesse.

DÉMONSTRATION

Qui imagine qu’il affecte les autres de Joie ou de Tristesse, sera, par cela même (Prop. 27) affecté de Joie ou de Tristesse. Puis donc que l’homme (Prop. 19 et 23, p. II) a conscience de lui-même par les affections qui le déterminent à agir, qui a fait quelque chose qu’il imagine qui affecte les autres de Joie, sera affecté de Joie avec conscience de lui-même comme cause, c’est-à-dire se considérera lui-même avec Joie, et inversement. C.Q.F.D. [*]


Si quis aliquid egit quod reliquos lætitia afficere imaginatur, is lætitia concomitante idea sui tanquam causa afficietur sive se ipsum cum lætitia contemplabitur. Si contra aliquid egit quod reliquos tristitia afficere imaginatur, se ipsum cum tristitia contra contemplabitur.

DEMONSTRATIO :

Qui se reliquos lætitia vel tristitia afficere imaginatur, eo ipso (per propositionem 27 hujus) lætitia vel tristitia afficietur. Cum autem homo (per propositiones 19 et 23 partis II) sui sit conscius per affectiones quibus ad agendum determinatur, ergo qui aliquid egit quod ipse imaginatur reliquos lætitia afficere, lætitia cum conscientia sui tanquam causa afficietur sive seipsum cum lætitia contemplabitur et contra. Q.E.D.


[*(Saisset :) Celui qui imagine qu’une chose qu’il a faite donne aux autres de la joie ressent aussi de la joie, unie à l’idée de soi-même, comme cause de cette joie ; en d’autres termes, il se regarde soi-même avec joie ; si au contraire il imagine que son action donne aux autres de la tristesse, il se regarde soi-même avec tristesse. Démonstration Celui qui croit causer de la joie ou de la tristesse aux autres éprouve par cela même (en vertu de la Propos. 27) de la joie ou de la tristesse. Or, l’homme ayant conscience de soi-même par les affections qui le déterminent à agir (en vertu des Propos. 19 et 23, partie 2), il s’ensuit donc que celui qui imagine qu’une chose qu’il a faite donne aux autres de la joie éprouvera une joie unie à la conscience de soi-même comme cause, en d’autres termes, se regardera soi-même avec joie ; et il en sera de même dans le cas de la tristesse. C. Q. F. D.

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