EIV - Définition 6

  • 23 mai 2004

J’ai expliqué dans les Scolies 1 et 2 de Proposition 18, Partie III, ce que j’entends par affection à l’égard d’une chose future, présente et passée ; j’y renvoie.
(Il faut cependant noter ici, en outre, que, pas plus qu’une distance de lieu, nous ne pouvons imaginer distinctement une distance de temps au delà d’une certaine limite ; en d’autres termes, comme tous les objets distants de nous de plus de deux cents pieds, ou dont la distance du lieu où nous sommes, dépasse celle que nous imaginons distinctement, nous sont habituellement représentés par l’imagination à égale distance de nous comme s’ils étaient dans le même plan, de même aussi les objets dont nous imaginons que le temps d’existence est séparé du présent par un intervalle plus grand que celui que nous avons accoutumé d’imaginer distinctement, nous nous les représentons tous par l’imagination à égale distance du présent et nous les rapportons en quelque sorte à un même instant du temps.) [*]


Quid per affectum erga rem futuram, præsentem et præteritam intelligam, explicui in scholiis I et II propositionis 18 partis III, quod vide. Sed venit hic præterea notandum quod ut loci sic etiam temporis distantiam non nisi usque ad certum quendam limitem possumus distincte imaginari hoc est sicut omnia illa objecta quæ ultra ducentos pedes a nobis distant seu quorum distantia a loco in quo sumus, illam superat quam distincte imaginamur, æque longe a nobis distare et perinde ac si in eodem plano essent, imaginari solemus, sic etiam objecta quorum existendi tempus longiore a præsenti intervallo abesse imaginamur quam quod distincte imaginari solemus, omnia æque longe a præsenti distare imaginamur et ad unum quasi temporis momentum referimus.


[*(Saisset :) J’ai expliqué, dans les Scolies 1 et 2 de la Propos. 18, part. 3, auxquels je renvoie, ce que j’entendrais par une passion pour une chose future, présente ou passée. Mais il convient de remarquer, en outre, que nous sommes aussi incapables de nous représenter distinctement les distances de temps que celles de lieu, passé une certaine limite : en d’autres termes, de même que des objets éloignés de nous de plus de deux cents pieds, c’est-à-dire dont la distance, par rapport au lieu où nous sommes, excède celle que nous nous représentons distinctement, nous semblent également éloignés, de façon que nous les imaginons d’ordinaire comme situés à la même place, ainsi, quand nous venons à nous représenter des objets dont l’existence dans le temps est séparée du moment présent par un intervalle plus long que ceux que nous sommes habitués à imaginer, nous nous représentons tous ces objets comme également éloignés du présent et nous les rapportons en quelque sorte à un seul moment du temps.

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