EIV - Proposition 52


Le Contentement de soi peut tirer son origine de la Raison, et seul ce contentement qui tire son origine de la Raison, est le plus grand possible.

DÉMONSTRATION

Le Contentement de soi est une Joie née de ce que l’homme considère sa propre puissance d’agir (Déf. des Aff. 25). Mais la vraie puissance d’agir de l’homme ou sa vertu est la Raison elle-même (Prop. 3, p. III) que l’homme considère clairement et distinctement (Prop. 40 et 43, p. III). Le Contentement de soi tire donc son origine de la Raison. De plus, tandis que l’homme se considère lui-même clairement et distinctement, c’est-à-dire adéquatement, il ne perçoit rien sinon ce qui suit de sa propre puissance d’agir (Déf. 2, p. III), c’est-à-dire de sa puissance de connaître (Prop. 3, p. III) ; de cette seule considération donc naît le Contentement le plus grand qu’il puisse y avoir. C.Q.F.D. [*]


Acquiescentia in se ipso ex ratione oriri potest et ea sola acquiescentia quæ ex ratione oritur, summa est quæ potest dari.

DEMONSTRATIO :

Acquiescentia in se ipso est lætitia orta ex eo quod homo se ipsum suamque agendi potentiam contemplatur (per 25 affectuum definitionem). At vera hominis agendi potentia seu virtus est ipsa ratio (per propositionem 3 partis III) quam homo clare et distincte contemplatur (per propositiones 40 et 43 partis II). Ergo acquiescentia in se ipso ex ratione oritur. Deinde nihil homo dum se ipsum contemplatur, clare et distincte sive adæquate percipit nisi ea quæ ex ipsius agendi potentia sequuntur (per definitionem 2 partis III) hoc est (per propositionem 3 partis III) quæ ex ipsius intelligendi potentia sequuntur adeoque ex sola hac contemplatione summa quæ dari potest acquiescentia oritur. Q.E.D.

[*(Saisset :) La paix intérieure peut provenir de la raison, et cette paix née de la raison est la plus haute où il nous soit donné d’atteindre. Démonstration La paix intérieure, c’est la joie qui naît pour l’homme de la contemplation de soi-même et de sa puissance d’agir (par la Déf. 25 des pass.). Or, la véritable puissance d’agir de l’homme ou sa vertu, c’est la raison elle-même (par la Propos. 3, part. 3) que l’homme contemple clairement et distinctement (par les Propos. 40 et 43, part. 2) ; d’où il suit que la paix intérieure naît de la raison. De plus, l’homme, quand il se contemple soi-même, ne perçoit d’une façon claire et distincte, c’est-à-dire adéquate, rien autre chose que ce qui suit de sa puissance d’agir (par la Déf. 2, part. 3), en d’autres termes (par la Propos. 3, part. 3), de sa puissance de comprendre : et par conséquent, le plus haut degré de la paix intérieure ne peut naître que de cette seule contemplation. C. Q. F. D.