TRE - 59

  • 16 septembre 2005


Quelqu’un croira peut-être que la fiction est délimitée par la fiction et non par la connaissance ; c’est-à-dire, qu’après que j’ai forgé l’idée d’une chose et, qu’usant d’une certaine liberté, j’ai voulu donner mon assentiment à ce que cette chose existât, telle que je l’ai forgée, dans la nature réelle, cela fait qu’il m’est impossible ensuite de la penser différemment. Par exemple, après que j’ai forgé (pour parler leur langage) telle idée sur la nature du corps, et que j’ai voulu, usant de ma liberté, me persuader que cette nature est telle dans la réalité, il ne m’est plus possible de forger l’idée d’une mouche infinie et, après que j’ai forgé l’essence de l’âme, je ne peux plus la faire carrée.


Aliquis forte putabit, quod fictio fictionem terminat, sed non intellectio ; hoc est, postquam finxi aliquid, et quadam libertate volui assentiri, id sic in rerum natura existere, hoc efficit, ut postea non possimus id alio modo cogitare. Ex. gr. postquam finxi (ut cum iis loquar) naturam corporis talem, mihique ex mea libertate persuadere volui, eam sic realiter existere, non amplius licet muscam v. g. infinitam fingere ; et postquam finxi essentiam animae, eam quadrare non possum etc.


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