EIV - Proposition 30

  • 16 juin 2004

Nulle chose ne peut être mauvaise par ce qu’elle a de commun avec notre nature, mais dans la mesure où elle est mauvaise pour nous, elle nous est contraire.

DÉMONSTRATION

Nous appelons mauvais ce qui est cause de Tristesse (Prop. 8), c’est-à-dire (par la Déf. de la Tristesse, Scolie de la Prop. 11, p. III) ce qui diminue ou réduit notre puissance d’agir. Si donc une chose, par ce qu’elle a de commun avec nous, était mauvaise pour nous, cette chose pourrait diminuer ou réduire ce qu’elle a de commun avec nous, ce qui (Prop. 4, p. III) est absurde. Nulle chose donc ne peut être mauvaise pour nous par ce qu’elle a de commun avec nous, mais, au contraire, dans la mesure où elle est mauvaise, c’est-à-dire (comme nous l’avons déjà montré) peut diminuer ou réduire notre puissance d’agir, elle nous est contraire (Prop. 5, p. III). C.Q.F.D. [*]


Res nulla per id quod cum nostra natura commune habet, potest esse mala sed quatenus nobis mala est eatenus est nobis contraria.

DEMONSTRATIO :

Id malum vocamus quod causa est tristitiæ (per propositionem 8 hujus) hoc est (per ejus definitionem, quam vide in scholio propositionis 11 partis III) quod nostram agendi potentiam minuit vel coercet. Si igitur res aliqua per id quod nobiscum habet commune, nobis esset mala, posset ergo res id ipsum quod nobiscum commune habet, minuere vel coercere, quod (per propositionem 4 partis III) est absurdum. Nulla igitur res per id quod nobiscum commune habet, potest nobis esse mala sed contra quatenus mala est hoc est (ut jam jam ostendimus) quatenus nostram agendi potentiam minuere vel coercere potest eatenus (per propositionem 5 partis III) nobis est contraria. Q.E.D.


[*(Saisset :) Aucune chose ne peut nous être mauvaise par ce qu’elle a de commun avec notre nature ; mais en tant qu’elle nous est mauvaise, elle est contraire à notre nature. Démonstration Nous appelons mal ce qui est pour nous une cause de tristesse (par la Propos. 8), c’est-à-dire (par la Défin. que vous trouverez au Scol. de la Propos. 11, part. 3) ce qui diminue ou empêche notre puissance d’agir. Si donc une chose nous était mauvaise par ce qu’elle a de commun avec nous, elle pourrait donc détruire ou empêcher cela même qui lui est commun avec nous, conséquence absurde (par la Prop. 4, part. 3). Aucune chose ne peut donc nous être mauvaise par ce qu’elle a de commun avec nous ; mais, en tant qu’elle nous est mauvaise, c’est-à-dire (comme on l’a déjà montré) en tant qu’elle peut diminuer ou empêcher notre puissance d’agir, elle est contraire à notre nature (par la Propos. 5, part. 3). C. Q. F. D.

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