TRE - 19

  • 6 septembre 2005


En y regardant attentivement, le mieux que je puisse faire est de ramener à quatre tous ces modes.
I. Il y a une perception acquise par ouï-dire ou par le moyen d’un signe conventionnel arbitraire.

II. Il y a une perception acquise par expérience vague, c’est-à-dire par une expérience qui n’est pas déterminée par l’entendement ; ainsi nommée seulement parce que, s’étant fortuitement offerte et n’ayant été contredite par aucune autre, elle est demeurée comme inébranlée en nous.

III. Il y a une perception où l’essence d’une chose se conclut d’une autre chose, mais non adéquatement, comme il arrive [1] ou bien quand, d’un effet, nous faisons ressortir la cause ou bien qu’une conclusion se tire de quelque caractère général toujours accompagné d’une certaine propriété.

IV. Il y a enfin une perception dans laquelle une chose est perçue par sa seule essence ou par la connaissance de sa cause prochaine.


Si accurate attendo, possunt omnes ad quatuor potissimum reduci.
I. Est perceptio, quam ex auditu aut ex aliquo signo, quod vocant ad placitum, habemus.
II. Est perceptio, quam habemus ab experientia vaga, hoc est, ab experientia, quae non determinatur ab intellectu, sed tantum ita dicitur, quia casu sic occurrit, et nullum aliud habemus experimentum, quod hoc oppugnat, et ideo tanquam inconcussum apud nos manet.
III. Est perceptio, ubi essentia rei ex alia re concluditur, sed non adaequate ; quod fit, cum vel ab aliquo effectu causam colligimus, vel cum concluditur ab aliquo universali, quod semper aliqua proprietas concomitatur. [2]
IV. Denique perceptio est, ubi res percipitur per solam suam essentiam, vel per cognitionem suae proximae causae.



[1En pareil cas nous ne connaissons rien de la cause [hormis] ce que nous considérons dans l’effet ; cela se voit assez à ce qu’on ne peut alors en parler que dans les termes les plus généraux : Il y a donc quelque chose ; il y a donc un pouvoir, etc., ou même en termes négatifs. Ce n’est donc pas ceci ou cela, etc. Dans le second cas, il est attribué à la cause en sus de l’effet quelque chose qui est conçu clairement, comme on le verra par l’exemple donné ; mais on ne dépasse pas ainsi les propriétés, on n’atteint pas l’essence particulière de la chose.

[2Hoc cum fit, nihil de causa intelligimus praeter id, quod in effectu consideramus. Quod satis apparet ex eo, quod tum causa non nisi generalissimis terminis explicetur, nempe his : ergo datur aliquid ; ergo datur aliqua potentia etc. ; vel etiam ex eo, quod ipsam negative exprimant : ergo non est hoc vel illud etc. In secundo casu aliquid causae tribuitur propter effectum, quod clare concipitur, ut in exemplo ostendemus ; verum nihil praeter propria ; non vero rei essentia particularis. Sp.