TRE - 64

  • 18 septembre 2005


Secundo, que si une chose composée de beaucoup de parties est divisée par la pensée en toutes ses parties les plus simples et qu’on soit attentif à chacune d’elles prise à part, toute confusion disparaîtra. Tertio, qu’une fiction ne peut pas être simple ; elle naît de la combinaison des diverses idées confuses qui se rapportent à des choses et à des actions diverses existant dans la Nature, plutôt encore de ce que nous sommes attentifs en même temps, sans leur donner [1] notre assentiment, à ces diverses idées ; si la fiction était simple, en effet, elle serait claire et distincte et par conséquent vraie. Si elle naissait d’une combinaison d’idées distinctes, cette combinaison même serait claire et distincte et par suite vraie. Quand, par exemple, nous connaissons la nature du cercle et aussi celle du carré, il devient impossible de les combiner et de forger un cercle carré ou une âme carrée ou d’antres combinaisons semblables.


Sequitur secundo, quod si res, quae componitur ex multis, in partes omnes simplicissimas cogitatione dividatur, et ad unamquamque seorsim attendatur, omnis tum confusio evanescet. Sequitur tertio, quod fictio non possit esse simplex, sed quod fiat ex compositione diversarum idearum confusarum, quae sunt diversarum rerum atque actionum in natura existentium, vel melius ex attentione simul sine assensu ad tales diversas ideas. [2] Nam si esset simplex, esset clara et distincta, et per consequens vera. Si ex compositione idearum distinctarum, esset etiam earum compositio clara et distincta, ac proinde vera. Ex. gr. postquam novimus naturam circuli ac etiam naturam quadrati, iam non possumus ea duo componere, et circulum facere quadratum, aut animam quadratam, et similia.



[1On observera qu’une fiction considérée en elle-même ne diffère pas beaucoup d’un songe, sauf que dans les songes font défaut ces causes qui, par le moyen des sens, s’offrent à l’homme éveillé et d’où ressort pour lui que les images lui apparaissant ne proviennent pas à ce moment même de choses occupant un lieu hors de lui. Pour l’erreur, ainsi qu’il apparaîtra bientôt, elle consiste à rêver éveillé. On l’appelle délire quand elle est très manifeste.

[2NB. Quod fictio in se spectata non multum differat a somnio, nisi quod in somniis non offerantur causae, quae vigilantibus ope sensuum offeruntur, ex quibus colligunt illa repraesentamina illo tempore non repraesentari a rebus extra se constitutis. Error autem, ut statim apparebit, est vigilando somniare, et si sit admodum manifestus, delirium vocatur. Sp.

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