EIII - Proposition 55 - corollaire - scolie - corollaire

  • 19 mai 2004

Nul ne porte envie pour sa vertu à un autre qu’à un pareil.

DÉMONSTRATION

L’Envie est la Haine elle-même (Scolie de la Prop. 24), c’est-à-dire une Tristesse (Scolie de la Prop. 13), en d’autres termes (Scolie de la Prop. 11) une Affection par laquelle la puissance d’agir d’un homme ou son effort est réduit. Mais l’homme (Scolie de la Prop. 9) ne s’efforce vers une action et ne désire la faire que si elle peut suivre de sa nature telle qu’elle est donnée ; donc l’homme ne désirera pas qu’aucune puissance d’agir ou (ce qui revient au même) qu’aucune vertu soit affirmée de lui, si elle appartient en propre à la nature d’un autre et est étrangère à la sienne ; et ainsi son Désir ne peut être réduit, c’est-à-dire (Scolie de la Prop. 11) qu’il ne peut être contristé parce qu’il considère quelque vertu dans un être dissemblable, et conséquemment il ne peut lui porter envie. Mais il portera envie à son pareil qui est supposé de même nature que lui. C.Q.F.D. [*]


Nemo virtutem alicui nisi æquali invidet.

DEMONSTRATIO :

Invidia est ipsum odium (vide scholium propositionis 24 hujus) sive (per scholium propositionis 13 hujus) tristitia hoc est (per scholium propositionis 11 hujus) affectio qua hominis agendi potentia seu conatus coercetur. At homo (per scholium propositionis 9 hujus) nihil agere conatur neque cupit nisi quod ex data sua natura sequi potest ; ergo homo nullam de se agendi potentiam seu (quod idem est) virtutem prædicari cupiet quæ naturæ alterius est propria et suæ aliena adeoque ejus cupiditas coerceri hoc est (per scholium propositionis 11 hujus) ipse contristari nequit ex eo quod aliquam virtutem in aliquo ipsi dissimili contemplatur et consequenter neque ei invidere poterit. At quidem suo æquali qui cum ipso ejusdem naturæ supponitur. Q.E.D.


[*(Saisset :) Personne ne conçoit d’envie pour la vertu, si ce n’est dans son égal. Démonstration L’envie, c’est la haine elle-même (voyez le Scol. de la Propos. 24), c’est-à-dire (par le Scol. de la Propos. 13) une tristesse ou une affection par laquelle (voyez le Scol. de la Propos. 11) la puissance d’agir de l’homme se trouve empêchée. Or, l’homme ne s’efforce et ne désire d’accomplir d’autres actions que celles qui peuvent résulter de sa nature déterminée (par le Scol. de la Propos. 9). En conséquence, personne ne désirera jamais affirmer de soi-même aucune puissance ou (ce qui est la même chose) aucune vertu qui soit étrangère à sa nature et propre à une nature différente ; et ainsi notre désir ne se trouvera point empêché, en d’autres termes (par le Scol. de la Propos. 11) nous ne serons point attristés quand nous apercevrons quelque vertu en une personne qui ne nous ressemble pas, et nous n’éprouverons pour elle aucune envie. Il en arrivera tout autrement s’il s’agit d’un de nos égaux, puisque, par hypothèse, il y a dès lors entre lui et nous ressemblance de nature. C. Q. F. D.

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