EIV - Proposition 28

  • 16 juin 2004

Le bien suprême de l’Âme est la connaissance de Dieu et la suprême vertu de l’Âme de connaître Dieu.

DÉMONSTRATION

L’objet suprême que l’Âme peut connaître est Dieu, c’est-à-dire (Déf. 6, p. I) un Être absolument infini et sans lequel (Prop. 15, p. I) rien ne peut ni être ni être conçu ; par suite (Prop. 26 et 27) la chose suprêmement utile à l’Âme ou son bien suprême (Déf. 1) est la connaissance de Dieu. De plus, l’Âme est active seulement dans la mesure où elle connaît (Prop. 1 et 3, p. III), et dans la même mesure seulement (Prop. 23) l’on peut dire absolument qu’elle fait quelque chose par vertu. La vertu absolue de l’Âme est donc de connaître. Mais l’objet suprême que l’Âme peut connaître est Dieu (comme nous l’avons déjà démontré) ; donc la suprême vertu de l’Âme est de concevoir clairement ou de connaître Dieu. C.Q.F.D. [*]


Summum mentis bonum est Dei cognitio et summa mentis virtus Deum cognoscere.

DEMONSTRATIO :

Summum quod mens intelligere potest, Deus est hoc est (per definitionem 6 partis I) Ens absolute infinitum et sine quo (per propositionem 15 partis I) nihil esse neque concipi potest adeoque (per propositiones 26 et 27 hujus) summum mentis utile sive (per definitionem 1 hujus) bonum est Dei cognitio. Deinde mens quatenus intelligit eatenus tantum agit (per propositiones 1 et 3 partis III) et eatenus tantum (per propositionem 23 hujus) potest absolute dici quod ex virtute agit. Est igitur mentis absoluta virtus intelligere. At summum quod mens intelligere potest, Deus est (ut jam jam demonstravimus). Ergo mentis summa virtus est Deum intelligere seu cognoscere. Q.E.D.


[*(Saisset :) Le bien suprême de l’âme, c’est la connaissance de Dieu ; et la suprême vertu de l’âme, c’est de connaître Dieu. Démonstration L’objet suprême de notre intelligence, c’est Dieu, en d’autres termes (par la Déf. 6, part. 1), l’être absolument infini et sans lequel (par la Propos. 15, part. 1) rien ne peut être ni être conçu ; et par conséquent (en vertu des Propos. 26 et 27) l’intérêt suprême de l’âme ou son suprême bien (par la Déf. 1), c’est la connaissance de Dieu. Or, l’âme (par les Propos. 1 et 3, part. 3) n’agit qu’en tant qu’elle comprend ; et ce n’est aussi qu’à ce même titre qu’on peut dire d’une manière absolue que l’âme agit par vertu (en vertu de la Propos. 23). Comprendre, voilà donc la vertu absolue de l’âme. Or, le suprême objet de notre intelligence, c’est Dieu (comme on l’a déjà démontré). Donc la suprême vertu de l’âme, c’est de comprendre ou de connaître Dieu. C. Q. F. D.

Dans la même rubrique

EIV - Proposition 19

EIII - Proposition 9 - scolie ; EIII - Proposition 28 ; EIII - Définitions des affects - 01.
EIV - Proposition 8.
Chacun appète ou a en (...)

EIV - Proposition 20

EIII - Proposition 4 ; EIII - Proposition 6 ; EIII - Proposition 7.
EIV - Définition 8.
Plus on s’efforce à chercher ce qui est utile, (...)

EIV - Proposition 20 - scolie

EIII - Proposition 10.
Personne donc n’omet d’appéter ce qui lui est utile ou de conserver son être, sinon vaincu par des causes extérieures (...)

EIV - Proposition 21

EIII - Proposition 7 ; EIII - Définitions des affects - 01.
Nul ne peut avoir le désir de posséder la béatitude, de bien agir et de bien (...)

EIV - Proposition 22

EIII - Proposition 7.
EIV - Définition 8.
On ne peut concevoir aucune vertu antérieure à celle-là (c’est-à-dire à l’effort pour se (...)

EIV - Proposition 22 - corollaire

EIV - Proposition 21 ; EIV - Proposition 22.
L’effort pour se conserver est la première et unique origine de la vertu. Car on ne peut (...)

EIV - Proposition 23

EIII - Définition 1 ; EIII - Définition 2 ; EIII - Proposition 1.
EIV - Définition 8.
L’homme, en tant qu’il est déterminé à faire quelque (...)

EIV - Proposition 24

EIII - Proposition 3.
EIV - Définition 8 ; EIV - Proposition 22 - corollaire.
Agir par vertu absolument n’est rien d’autre en nous (...)

EIV - Proposition 25

EIII - Proposition 6 ; EIII - Proposition 7.
EIV - Proposition 22 - corollaire.
Personne ne s’efforce de conserver son être à cause d’une (...)

EIV - Proposition 26

EII - Proposition 40 (et EII - Proposition 40 - scolie 2).
EIII - Proposition 6 ; EIII - Proposition 7 ; EIII - Proposition 9 - scolie.
EIV (...)

EIV - Proposition 27

EII - Proposition 40 - scolie 2 ; EII - Proposition 41 ; EII - Proposition 43 (et EII - Proposition 43 - scolie).
EIV - Proposition 26.
Il (...)